ECHO DE ST-PIERRE N° 105 Octobre 1998

ESCAPADE A PORSPODER

C’était le mardi 9 juin, de cette année 1998. Depuis quelque temps déjà, notre ami Job Le Borgne avait exprimé le désir de recevoir le groupe “Mémoire de Saint-Pierre”, chez lui, à Prat Joulou.
Vous vous questionnez, cet ami, qui est-il ? Eh bien, voilà, c’est un homme qui a conservé la passion de ses racines et la mémoire des vieilles choses qui s’y rattachent, au point de les accueillir, toutes, dans un vaste hangar, fait de ses mains ... C’est ainsi que plusieurs horloges, fières de se retrouver ensemble, côtoient les lits clos, les écrèmeuses, les outils de la terre et du goémon, sans oublier les seize moteurs de batteuse et enfin, accrochés à la poutre, les vieux sabots, en retraite eux aussi, qui racontent leur histoire. Mais revenons à Job qui, bien avant ce jour, nous avait aidé dans la documentation d’un de nos livres. Composé de sept de ses membres, notre groupe s’est rendu à Porspoder. Certes le temps n’était guère clément, mais il en est ainsi, avec une raison de plus pour se blottir, bien à l’abri dans la petite pièce qui précède le four à pain ...

Le moulin à Job...
Oui ! car Job a un four, son œuvre, tout comme, à proximité, le moulin tournant ses ailes au vent du large. Le meunier est, aussi, boulanger, se réservant d’ailleurs bien d’autres talents autour des chapelles, calvaires, fontaines, lavoirs et autres fours à goémon ... Pour l’instant nous montons dans le moulin. Avec curiosité, nous découvrons tout un mécanisme d’engrenages et de courroies, entraînant au delà de la fonction principale, un petit tour à bois et une meule d’affûtage ... Après le travail, le meunier, bercé par le vent, peut se reposer dans la petite remise du bas, ce qui ne sera pas le cas aujourd’hui. Ça a du charme mais le four attend ...
Les dernières braises rougeoient encore. Arrive bientôt le moment attendu pour introduire, suprême attention, une branche de genêt fleuri. “Le goût du pain n’en sera que meilleur” dit Job. Une saine odeur d’autrefois remplit la pièce, à l’ouverture du four. Et voici le moment de débarrasser les braises et cendres...

Un repas authentique...
Certainement que vous auriez apprécié cette ambiance de fumée. Job obture ensuite la sortie de cheminée, pour mieux conserver la chaleur. Puis, à l’aide de la palette, il introduit les futurs pains (18) et ... trois cases de far, deux de pommes de terre puis une de côtelettes. Et le temps que le pain cuise, et le repas avec, nous voilà réunis dans le hangar aux souvenirs, autour d’une table de fortune, dans une grande amitié ... Et les horloges qui chantent leur joie et puis le repas qui arrive, chacun se composant un rôle de maître d’hôtel. Je ne vous dirai pas , à travers cette simplicité, toute la convivialité de Job et de son épouse Andrée ... Nous nous racontons des histoires, évoquons les coutumes et le travail d’autrefois mais, surtout, nous écoutons le poète qui nous parle avec émotion, des choses simples et vraies de la vie. Ces choses qui nous unissent ...

Les sabots parlent...
Nous étions sous les poutres et les sabots qui y sont accrochés, après avoir parcouru nombre d’années dans le temps. C’est pourquoi, se penchant l’un vers l’autre, ils continuent à se dire bien des choses. Cette histoire d’un vieux paysan qui comme dans la fable, sentant sa fin venir, vient confier ses sabots, à Job. “ Chez toi, dit-il, chez toi je saurai au moins les retrouver quand je reviendrai sur terre”. Et comme notre ami s’inquiétait, à juste titre, de la date de son retour, “ dans trente ou quarante ans, mais là haut le temps passe très vite”. Une espérance, joliment mise sous forme de poème, par un autre de ses amis. Patientez et à bientôt !


pour le groupe : F. K