ECHO DE SAINT-PIERRE N° 115 - Septembre 1999

AUTREFOIS L'ECOLE

A l'occasion de la fête des grand’mères, les médias ont présenté des mamies visitant les écoles et racontant aux élèves le temps où elles étaient à leur place.

L'environnement et l'agencement scolaires ont bien changé. La modernité a procuré à la jeunesse le confort et des responsabilités de travail différents que ceux que nos générations ont connu.

La maternelle d'aujourd'hui reçoit dans des locaux clairs et bien meublés la dernière génération montante, offrant à nos chérubins la possibilité de manipuler, dès leur âge, des matériaux et jeux totalement ignorés de nom, sans oublier bientôt les ordinateurs !

Groupés par petites tables de quatre ou cinq petites chaises à leur taille, rangements communs et livres d'images, procurent à chacun une ouverture de l'esprit pour la créativité. Réjouissons‑nous de cet état de choses car il faut vivre avec son temps.

Que diraient Sœur Pierre et Sœur Anne qui nous recevaient à "la garderie"du vieux "patro" de Saint‑Pierre dans les années 1924‑1926 ? Elles s'ingéniaient de mille manières à passer le temps de leur petit troupeau, amené chaque jour par les parents, matin comme après‑midi pour ceux qui ne faisaient pas la sieste à la maison.

Nous occupions, pendant la mauvaise saison, une salle située derrière la pièce d'accès à la scène de théâtre de ce patro. Le local servant de buvette après les séances récréatives était aménagé les jours d’école avec des bancs d’un seul tenant placé contre les cloisons et, si besoin était, la table (une planche posée sur un tréteau) était remontée.

Assis en rang d'oignons pour écouter des histoires ou comptines, l'immobilité avant le moment des jeux contraignait les enfants à se réchauffer en claquant des mains en même temps que le battements de pieds. Chaussés de galoches ou sabots de bois, le vacarme atteignait certains décibels avec la résonance du parquet. Démunis de chaîne hi-fi, nous allions parfois dans la salle de spectacle où le piano de l'orchestre nom permettait de mieux saisir les tons justes des chants, les doigts de la sœur martelant avec force les passages à répéter.

Au printemps, nom nous ébattions dans la cour ou sous le préau couvert abritant les barres parallèles et les accessoires de gymnastique des adultes.

Avant   la fermeture des classes, la veille du 14 Juillet, était organisée la distribution des prix. Toute l'école jusqu'au brevet élémentaire était ressemblée au patronage. Chaque élève recevait un livre de récompense dont le volume correspondait à son travail.

Chez les tout-petits, les nominations étaient faites selon l'analyse du comportement.  C'est ainsi que l'un reçut le prix de boxe (!), un autre du sourire, de bouderie, de minauderie, de chant, de colère et même de protection de animaux. On pouvait être écolo même en ce temps !

A la rentrée de septembre, les cinq ans passés, l’on se retrouvait à la grande école dans la classe de Sœur Joseph. Avant de prendre sa place, il fallait présenter des mains propres et la possession d'un mouchoir. Si celui-ci était oublié, des feuilles de papier tenues en réserve sur l'estrade du bureau, devaient être utilisées par l'étourdi, peu fier de se déplacer et se moucher devant les autres.

Après   cette première année (le CP actuel) les garçons rejoignaient l'école des frères : pas de mixité !

C'était ainsi . Nos mémoires revivent avec plaisir et émotions ce temps bien lointain, sans en garder le souvenir aigri d'un apprentissage sans confort. Pas davantage de rancune pour les « punitions  au coin » sans oublier quelque fessées. Nos plaintes de mômes amenaient parfois les mamans à se déplacer pour éclaircir les explications, mais raison était  donnée à  l'autorité, car de toujours les récalcitrants ont été nombreux et n'oublions pas que beaucoup de familles possédaient le célèbre martinet à la maison !

Il paraît même que certains jeunes parents d'aujourd'hui ont fait l'acquisition de ce vieux souvenir dont la vue ramène la raison après un premier contact assez  humiliant.

Les jeunes plants ont toujours  besoin d'être élagués...

Marie-Thérèse