ECHO DE SAINT-PIERRE N° 145 - Septembre  2002

Hommage à Marcel Tromelin

Décédé à l’âge de 86 ans, Marcel Tromelin a été inhumé au cimetière de Saint-Pierre-Quilbignon le 17 mai 2002. Employé des PTT à Paris durant la dernière guerre, il vint en 1944 passer quelques jours de congé chez ses parents qui habitaient aux Quatre-Moulins, rue Cosmao-Prétôt. Suite au débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, il lui fut impossible de regagner la capitale et de ce fait contraint de rester à Brest.

C’est ainsi qu’il participa au siège de la ville, au sein d’un groupe de Défense Passive qui était basé dans l’abri situait sous la mairie annexe des Quatre-Moulins.Il nous avait confié les nombreuses notes qu’il avait prises, au jour le jour, racontant les événements de cette époque.

« Si mon récit peut être un maillon dans l’histoire de Saint-Pierre-Quilbignon, je serai content tout simplement » écrivait-il, le 19 mai 2000, à notre ami Yves Le Roy qui a retranscrit scrupuleusement ses notes.

Oui ! les souvenirs de Marcel Tromelin sont importants, car ils viennent compléter d’autres récits et servent aujourd’hui, aux enfants de nos écoles qui réfléchissent, à partir de ce qu’ont vécu les Brestois entre 1939 et 1945, aux conséquences désastreuses des guerres pour les populations civiles.

Voici un extrait de son récit concernant les événements qui se déroulèrent du dimanche 13 août au lundi 14.

«  Le 13 août à 16 H 40, une voiture de la Défense Passive venant de Brest nous fait savoir que la population est invitée à évacuer pendant les trêves … entre 17 heures et 20 heures ce soir. Puis de 9 heures à 12 heures et de 17 heures et 20 heures demain. Deux directions : Plougastel par Saint-Marc et le pont de Plougastel, Saint-Renan par la Penfeld et Guilers. Le terre-plein de la mairie annexe est en effervescence. Les chefs de la Défense Passive appuient avec force les ordres venant de Brest. Il est dans l’intérêt de tous de quitter l’agglomération. D’ailleurs beaucoup ont compris. La nuit dernière a été pour la majorité le baptême du feu d’artillerie et l’impression gardée n’est pas réconfortante. L’avenir sera pire sans doute. Aussi certains ont vite fait de prendre leur décision et ils se dirigent vers la sortie (côté de Saint-Renan) avec bagages en bandoulière ou à la main… »

«  Le 14, dès 9 heures départ des habitants. La rue Jean-Jaurés et la rue Cosmao-Prétôt sont pour notre coin les deux voies de sortie immédiates. Charrettes, voitures, brouettes, landaus, bicyclettes, etc ; tout sert de véhicule, les dos sont chargés de musettes et les mains tiennent des paquets. Chacun tient à emporter l’essentiel de sa maison avec lui. Car qui peut dire qu’il la reverra intacte ? C’est un véritable exode avec tout ce que cela comporte de tristesse.. La mairie est animée . Les brancardiers vont chercher les impotents et les installent dans l’ambulance…. »

Hervé Cadiou

Pour mémoire, c’est Victor Eusen qui négocia avec les allemands et les américains pour obtenir cette trêve. A Saint-Pierre-Quilbignon, la rue Anatole France s’appelait avant guerre la rue Jean Jaurès.