ECHO DE SAINT-PIERRE N° 150 - Février  2003

On aperçoit les cloches

On aperçoit les cloches…(1) Fameux refrain que voilà, et qui a , sans doute, fait plusieurs fois le tour du monde, emporté et chanté par des marins, au vent des flots … Et plus encore quand le navire approchait du port et que le clocher de Saint-Pierre se dessinait enfin à l’horizon. Même refrain pour les promeneurs du dimanche qui, par les longs soirs d’été, revenaient en chantant du Dellec ou de Sainte Anne. La vue du clocher était un réconfort, en abordant le Cruguel, après la rude montée de Pont a Louët. Mais, quelle est donc l’histoire de ce clocher, aujourd’hui si bien illuminé dans la nuit ?…

L’histoire du clocher.

Certains vous diront sans doute que le clocher actuel ne vaut pas l’ancien. Brin de nostalgie, ne les croyez pas…

En bref :

1383 (2) : Première église connue de notre Kerber

1659 : nouvelle église (le tiers de l’actuelle) dotée d’un imposant clocher qui, près de 200 ans plus tard, menaçait de s’écrouler sur l’église, devenue quant à elle beaucoup trop petite.

1856 : (regardez au-dessus du porche) une autre église est bâtie à l’emplacement de l’ancienne et sur une grande partie de l’ancien cimetière.

Le refrain que vous avez appris pouvait être entonné en toute sérénité.

Tout était bien comme au meilleur des mondes, mais voilà… 1939 : la guerre… J’entends encore le tocsin à l’annonce de celle-ci, et ça me glace le sang… Au delà des glas et des carillons, ponctuant la vie paroissiale, je me souviens de ces heures de guet, agrippés aux balustrades de la tour, pour signaler la chute éventuelle des bombes lors des bombardements. C’était le poste d’observation de la Défense Passive (3). Hélas ! Nos cloches n’ont pas pu chanter la libération. Dans la rage des combats, précédant celle-ci, l’occupant avait dynamité le clocher, à environ 15 mètres du sol.

C’était le 1er septembre 1944

1953 : c’était il y a 50 ans, Un nouveau clocher s’élève.

L’assise de l’ancien, ayant été conservée (15 mètres), c’est donc une nouvelle construction (18 m) qui viendra s’ajouter pour une hauteur totale de 33 m. La pierre rose a été extraite de la carrière Malacarne de Ploumanach dans les Côtes d’Armor. Le patron, ses deux fils et six compagnons, ont fourni, en huit mois, quatorze mille heures de travail. Les travaux de préparation ont duré de février à octobre.

L’extraction comportait 120 m3 de ce beau granit, pour un poids total de 340 tonnes. En travail fini, cela correspond à 1000 blocs taillés, pour un volume de 70 m3 et un poids de 200 tonnes (4)

Merci à l’entreprise pour cette belle œuvre ; chanterons-nous à nouveau le célèbre refrain  ? En avant…

François Kergonou

(1) « On aperçoit les cloches (bis) 

 De Saint Pierre Quilbignon

la bouteille et bon et bon bon bon

 De Saint Pierre Quilbignon

la bouteille et bon garçon  »

(2) source Michel Floch, 1890/1967, historien de Saint Pierre

(3) organisation municipale signifiant en fait Défense Civile (secours)

(4) Sources : Ouest-France des 26-27 septembre 1953 et Michel Floch fils .