ECHO DE ST-PIERRE N° 16, Décembre 1989
DU TRAMWAY D’HIER... A CELUI DE DEMAIN
Un projet de tramway est à l’étude et va être mis en discussion
dans notre ville ; beaucoup de Brestois se souviennent du “tram”
d’avant guerre.
En 1898, en effet, un “train” électrique était venu remplacer
l’omnibus à chevaux qui, depuis la construction du “grand pont”, avait
parfois circulé de l’octroi au “terminus de Saint-Pierre”.
Cette ligne de transport en commun, gérée par la CTB - Compagnie
des Tramways électriques de Brest - a eu de grandes répercussions sur
le développement de la ville, notamment de ce côté de la Penfeld : très
vite, des habitations se sont construites le long de l’axe suivi par
les tramways, la rue Jean-Jaurès et la rue de Brest, devenues depuis,
rues Anatole France et Victor Eusen.
Les dimanches de la belle saison, de nombreux brestois le
prenaient pour aller à la plage de Ste-Anne. Bondé, il montait à grand
peine la côte du grand Turc. Il faisait peur aussi quand il dévalait
cette pente, d’où son appellation de “péril jaune”, car il était jaune
notre tramway !
En 1903, un autre tramway partait de St-Pierre, celui du Conquet.
Mais les deux lignes ne furent jamais reliées entre elles. Ce nouveau
transport n’était pas géré par la CTB, mais par la Société Anonyme des
Tramways du Finistère.
En 1908, la ligne du tramway du Conquet descendait jusqu’à la rue
de la porte. Elle coupait à travers champs vers la route du Valy-Hir,
passait sous le pont du Polygone, puis par le Ruisan où la pente était
moindre. Ainsi, les paysannes qui venaient vendre leurs produits aux
gens de Brest et de Recouvrance arrivaient-elles directement à pied
d’oeuvre.
En 1908, était mis aussi en service l’embranchement de Ste-Anne à
Kerstéria, son fonctionnement fut interrompu en septembre 1908. Il ne
reprit pas.
Peu à peu le transport par autocars se développait, et, en octobre
1932, le tramway du Conquet s’arrêtait à son tour définitivement.
Le tramway urbain par contre continua à fonctionner jusqu’en 1944.
Cela posait d’ailleurs des problèmes de circulation : le nombre
d’automobiles augmentait, et les cyclistes n’étaient pas seuls à pester
contre les rails.
Aussi, lorsqu’en 1951, à l’ouverture du Pont de l’Harteloire, les
transports urbains réguliers revinrent jusqu’à nous, le tramway avait
cédé la place au trolleybus, d’un usage plus souple car libéré des
rails.
Mais à temps nouveaux, problèmes nouveaux ! Embouteillages,
difficultés de circulation et de stationnement, pollution : il faut
aujourd’hui limiter la circulation automobile au centre des villes.
Alors, aurons-nous à nouveau un tramway ? A la population de donner son avis, à ses élus d’en décider.
H.CADIOU