ECHO DE SAINT-PIERRE N° 166 - octobre 2004
La saga des Riou-Kerhalet
L’évocation du hameau de
Kervallon est indissociable du souvenir de la famille des Riou-Kerhalet. La
renommée de cette famille commence avec Jean-François Riou ( 1746 –1825), fils
d’un marchand de vin aisé de Châteauneuf-du-Faou qui vint à la fin du XVIIIème
siècle chercher aventure à Brest.
Entreprenant et dynamique il
rêvait d’arrondir sa fortune en développant le négoce à partir du port du
Ponant et satisfaire ainsi une demande croissante de consommation.
A la tête d’un petit capital il
fit, avant la Révolution, l’acquisition du domaine de Kervallon, afin d’y
construire un port et d’y armer des bateaux corsaires, à l’instar de
Saint-Malo, Morlaix et Nantes. Ce port comprenait des cales, des quais, des
débarcadères, des chantiers de construction de bateaux et des magasins. Devenu
riche armateur, Jean-François Riou acheta sur la rive gauche de la Penfeld, le
domaine de Kerhalet. Dès cette époque, il prit l’habitude de se faire appeler
Jean-François Riou sieur de Kerhalet ou plus simplement monsieur le ci-devant
Riou-Kerhalet, Révolution oblige. Bien que bourgeois aisé, Jean-François
Riou-Kerhalet fut l’un des rédacteurs du cahier de doléances émanant du Tiers
État de la ville de Brest. Ce cahier, comme tant d’autres se plaignait des
privilèges accordés à la noblesse et réclamait de nouveaux droits pour l’élite
bourgeoise, inspiratrice de la Révolution. Prudent et effacé durant la Terreur,
il revient aux affaires politiques, sous le Directoire, le Consulat et
l’Empire, notamment en qualité d’officier municipal de la Mairie de Brest.
En 1790, Jean-François Riou
épousait, histoire de rester dans le négoce, mademoiselle Edern, fille d’un
marchand de vin aisé de Recouvrance. De cette union naquirent deux filles et un
garçon, Anne-Émilie, Élisabeth-Adèle et Jean-Michel-Armand. Anne-Émilie épousa
en 1820, en premières noces, l’amiral François-André Baudin, né en 1774, qui
devint en 1810 baron d’Empire. Ils eurent un fils, Charles Baudin qui devait
décéder en 1863. A la mort de l’amiral survenu en 1842, Anne-Émilie épousa, en
secondes noces, le baron Menu du Mesnil. Ils n’eurent pas de descendance.
Anne-Émilie devait décéder en 1856 à Riec de l’Odet.
Élisabeth-Adèle épousa en 1823, un
baron espagnol qui fut aux côtés de son père ( le général Dom Juan de Kindelan)
un allié de Napoléon. Il s’agissait du colonel Ferdinand Gusman de Kindelan,
décédé à Brest en 1837, à l’âge de 45 ans. Ils eurent quatre enfants, Dom Pédro
Maria de los Dolorés, décédé à Montpellier à l’âge de 29 ans,
Sébastienne-Marie-Anna, décédée à l’âge de 12 ans, Marie-Joséphine-Émilie,
décédée à l’âge de 1 mois et Adeline, morte à Laval à l’âge de 13 ans.
Élisabeth-Adèle devait décéder à Rennes à l’âge de 49 ans, peu avant son fils
Pédro.
Jean-Michel-Armand qui devait
décéder en 1858 laissait pour héritier un fils, Jean-Joseph-Auguste, né en
1929. Venu au pouvoir dans la foulée des Trois Glorieuses de 1830,
Jean-Michel-Armand fut de 1831 à 1832 le maire éphémère de Saint-Pierre-Quilbignon.
Jean-Joseph-Auguste fit de brillantes études, notamment en se classant
troisième de l’École Polytechnique. A sa sortie, il fit le choix d’une carrière
d’ingénieur aux Ponts-et-Chaussées.
A la mort de Pédro Gusman de
Kindelan, les descendants indirects Charles Baudin et Jean-Joseph-Auguste
Riou-Kerhalet héritèrent de la branche Kindelan. A sa mort prématuré en 1861, à
l’âge de 31 ans, Jean-Josehp-Auguste, dernier de la lignée des Riou-Kerhalet,
laissait Charles Baudin comme seul héritier indirect.
Charles Baudin qui devait décéder
deux ans plus tard en 1863, à l’âge de 36 ans, laissait à son épouse, née
Marie-Ludovica-Caroline Paulinier, le soin de gérer seule la fortune des
Riou-Kerhalet. Le remariage de Marie-Ludovica-Caroline avec le Général de
division d’artillerie, Laurent Dard, permit de transmettre l’héritage à une
descendance non issue de Jean-François Riou-Kerhalet.
Ainsi va le monde, où celui qui
amasse du bien le fait souvent au profit des autres.