ECHO DE SAINT-PIERRE N° 171 - Mars  2005

PROMENADE DÉCOUVERTE

La promenade de découverte de Mémoire de Saint-Pierre d’octobre 2004 était axée sur les lieux de Coat-Tan et Mesnos.

a butte du « POLYGONE » et le parc « d’ÉOLE »

Dans le domaine militaire, le polygone est un champ de tir délimité par des bornes formant un périmètre de sécurité. Le champ de tir est utilisé pour l’expérimentation des explosifs et des projectiles, et pour l’entraînement des unités. Avant 1850, les exercices militaires étaient effectués à Laninon, occasionnant des dégâts aux habitations voisines ; les autorités militaires décidèrent alors de créer un polygone de tir à l’écart des lieux habités. Le ministère de la guerre avait acquis des terres sur la commune de Saint-Pierre, dépendant des fermes de Kerzudal, Coat-Tan, Mesnos, Kergrac’h, et Trémilliau, pour l’aménagement d’un nouveau polygone de tir. Deux buttes de terre avaient été construites pour recevoir les cibles et amortir les projectiles en fin de trajectoire : une grande à l’Ouest, et une petite au milieu. Ce polygone de forme sensiblement rectangulaire mesurait environ 2500 mètres de longueur. Rapidement la portée des nouveaux canons à fûts rayés, à chargement par la culasse va dépasser cette distance. De nombreuses protestations avaient été formulées par les cultivateurs du voisinage qui entendaient les projectiles perdus passer au dessus de leur tête ; deux accidents furent à déplorer : une personne blessée à Mesnos, et un cheval tué. Après seulement quelques années de service le champ de tir fut obsolète.

 

Une caserne avait été construite à l’est du champ de tir pour accueillir un régiment de cavalerie. Après 1865, l’espace qui était peu utilisé, accueille un champ de course, et une société hippique. Dès l’apparition des premiers avions, le « Polygone » est promu au rang de terrain d’aviation, et voit s’y poser le 21 juin 1914 le premier appareil volant à moteur. En 1918 y est organisé un meeting aérien. Après la guerre 39-45, ce grand espace libre permet de construire un grand village de baraques pour loger provisoirement une partie de la population brestoise sinistrée.

En 1984, une partie de la grande butte a été remodelée pour y aménager le parc d’Éole.

COAT-TAN

En contournant le parc d’Eole par l’Ouest, un sentier nous conduit à Coat-Tan. Ce nom de lieu est composé de Koad « bois », et de Tann « chêne rouvre ». Dans les années 1930, il y avait encore deux fermes exploitées par les familles Le Goff et Mailloux.

 

En contre-bas des corps de ferme, près du ruisseau et de la prairie nous pouvons observer un lavoir qui attend les blanchisseuses avec leur baquet et leur badoué (battoir). Plus en amont une oseraie attend qu’un compagnon vienne couper l’osier pour la fabrication de boutog (paniers).

Nous pouvons voir dans la ferme située au Nord, un modèle de maison en rez-de-chaussée, construite immédiatement après la guerre, dans le cadre de la reconstruction, pour servir d’abord de relogement provisoire pour les cultivateurs qui avaient eu leur maison détruite par les bombardements, puis pour servir ensuite de crèche après la construction de maison d’habitation aux nouvelles normes en vigueur.

C’est là que résidait Monsieur Lanon, qui fut le dernier cultivateur à livrer le lait à Quilbiqnon avec son char à bancs et son bidet ( petit cheval ).

MESNOS

Un ruisseau conduit à ciel ouvert les eaux de Coat-Tan vers Milin ar beuz « moulin du Buis » . Le sentier qui longe le ruisseau nous amène à Mesnos ; quelle chance que ce ruisseau n’ait pas encore été busé, on peut y voir une très grande variété de plantes d’eau.

Ce nom de lieu est composé de Maez « champ non clos, ouvert » et de Noz « nuit ». le terme nos se dit des terres orientées au nord, c’est à dire du côté de la nuit, ou de l’ombre (Dictionnaire des noms de lieux bretons de Deshayes ).

Dans les années 1930, il y avait encore deux fermes exploitées par les familles Tygréat, et Pouliquen. Aujourd’hui l’une d’entre-elles accueille le siège et les ateliers de l’entreprise de menuiserie Jourt.

Alain Cloarec.