ECHO DE SAINT-PIERRE N° 179 janvier 2006

Autrefois KERANQUERE

En voyant les immeubles construits dans l'îlot de KERANQUERE (ce n'est d'ailleurs pas le nom exact : Kerascol aurait été préférable), on a du mal à s'imaginer qu'autrefois existait une vaste propriété couramment appelé "Bois Lavenant".


Avant guerre :

Ce magnifique manoir était ceint de hauts murs qui s'ouvraient sur deux grandes entrées : la principale donnait sur l'actuelle rue de Mesdoun, l'allée menant au manoir était bordée de tilleuls ( il en reste 2 ) . L'autre entrée se situait à l'angle des rues Bernanos et Keroudot.

Pendant la seconde guerre mondiale :

Ce manoir était investi par les Allemands qui y avaient installé leur kommandantur . Pour protéger ce lieu, ils avaient construit 4 ou 5 blockhaus dans le parc , sur sa périphérie . De nos jours il n'en reste plus que deux.

La propriété fut détruite pendant la guerre .

Après guerre

Dans l'immense parc du manoir en ruines, où poussaient un grand nombre d'arbres d'essences différentes (hêtres, tilleuls, rhododendrons, camélias, hortensias...) nous venions faire de grandes escapades, des jeux de cache-cache, la petite guerre avec de vrais fusils abandonnés là par l'occupant mais heureusement neutralisés. Nous y venions aussi, souvent avec mes petites camarades où nous découvrions des jeux moins innocents...

Ce parc a servi aussi de lieu de reposoir lors des cérémonies de la fête Dieu . Quel plaisir avions-nous à préparer cette fête ! On décorait le sol de la rue de la résistance par des images pieuses faites de sciures de bois peintes de différentes couleurs. De véritables chef-d'œuvres ! Puis nous allions couper des roseaux, des fleurs afin de finir la décoration.

Lors de la cérémonie, nous partions en procession , bannières au vent, portant des statues depuis l'église jusqu'au parc où avait été édifié un reposoir où les prêtres officiaient. C'était vraiment merveilleux pour nous, enfants. Tout au long du chemin, nous lancions des pétales de fleurs que, garçons et filles , avions dans des corbeilles, elles aussi décorées.

Construction de la cité HLM :

Tous les blockhaus (sauf deux) ont subi le même sort que le manoir et ses dépendances : ils ont été dynamités en 1959, non sans problème pour les rares maisons construites à l'époque. En effet, les ouvriers chargés du travail avaient mal apprécié les charges de dynamite, et lors de l'explosion, les éclats ont atteint certaines maisons provoquant de sérieux dégâts ! Certains morceaux sont encore visibles, comme en témoignage la photo :

Michel Quilien


Origine de noms de lieux (suite)

KERANQUÉRÉ :vient du breton KERE qui signifie cordonnier et KER, lieu d’habitation, village.

Kerascol :vient de raskol qui signifie terre à haut rendement.