ECHO DE SAINT-PIERRE N° 180 février 2006

UNE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE À SAINT-PIERRE

Dalle hublot trouvée à Saint Pierre. L'orifice a un diamètre de 40 cm. Cette ancienne margelle de puits était, en fait, la porte d'une allée couverte datant peut-être de 5000 ans !

Cette pièce archéologique aurait pu passer inaperçue si Jean-Pierre Nicol n'avait pas eu, un jour, une intuition. Voici comment il nous raconte sa découverte :

Une margelle de puits sur le mur mitoyen des fermes du Vern m’intriguait depuis longtemps. Suite à l’abandon d’une exploitation, puis à la destruction de la maison, des bâtiments et du puits, je mis la margelle en lieu sûr, avec l’accord du propriétaire mitoyen.

Deux ans se sont écoulés. La lecture d’un livre d‘archéologie (Préhistoire de la France par Albert Ducros page 156) me ramène à elle : il est écrit que les allées couvertes, monuments funéraires du néolithique, peuvent s’ouvrir par une dalle percée d’un étroit hublot circulaire qui se ferme par un bouchon de pierre s’ajustant exactement à l’orifice par une feuillure. On appelle cela une dalle hublot.

Les orifices me paraissent identiques. Une différence sur la profondeur du chanfrein peut s'expliquer par la position horizontale et l'usure des récipients de puisage, dues à des centaines d'années d'utilisation en margelle de puits. Une rencontre avec un archéologue départemental, Michel Legoffic, va confirmer tout cela.

On trouve des allées couvertes de la Belgique à la Bretagne. On a trouvé des dalles hublot dans le Bassin Parisien, mais jamais dans le Finistère ! C'est une première ! Peut-être y en a-t-il d'autres cachées aussi sous de fausses identités, réutilisées à autre chose que leur fonction première...

Je pressentais bien la présence d'un monument mégalithique, dans un champ proche du Vern, où dans les années 70, des roches qui gênaient les labours avaient été poussées dans un coin. Ce mégalithe atteste bien la présence des hommes du néolithique ici. De nombreuses traces ont été observées entre Penmesmadec, Pont-Cabioch, la Cavale-Blanche et Lanninguer.

On y a trouvé de très nombreux nucléus (blocs de roches dont on extrayait les éclats), des éclats de silex, des pointes de flèches en silex, des hachettes de pierre polie, des galets ayant servi de percuteurs pour la taille et le façonnage des outils, ou de meules pour écraser le grain (voir photo ci-dessous).



Photos extraites du livre cité plus haut : À gauche, un bouchon de pierre sculpté qui servait à fermer la chambre funéraire. A droite, la dalle-hublot d’une allée couverte en Ile de France.

Jean-Pierre Nicol