ECHO DE SAINT-PIERRE N° 188 décembre 2006


L'ENTREPRISE BELEC à Prat-Ledan

                      C'était en 1912 que M. Guillaume BELEC a créé son entreprise de transports. Il disposait pour cela de tombereaux tirés par des chevaux. Rapidement après sa création, l'entreprise se vit attribuer un marché de service public de la Ville de Brest pour le ramassage des ordures ménagères plus communément appelé le « bourrier ». Les ateliers, les garages et les écuries étaient installés au Prat-Ledan en bordure de la route de Guilers.

    

Ci-dessus : la charrette à lisier et la tonne à vidange


M. BELEC avait développé son entreprise par la création de nouvelles activités : la vidange des fosses, et le ramassage des déchets alimentaires, en breton « ar gwelien ou goyen », pour la nourriture des cochons.

 L'entreprise fonctionnait de la manière suivante :

- Le bourrier était collecté le matin avant 10 heures dans les rues de la ville, puis transporté et évacué à l'extérieur de la ville à une distance supérieure à 1,5 km de l'octroi. Le bourrier de Recouvrance était stocké dans des champs au Valy-Hir sur la commune de Saint-Pierre Quilbignon, et celui de Brest-même était stocké au Coq-Hardi sur la commune de Lambézellec. Ce fumier, nommé "Teill Ru" en breton, était mis en carré  de 10m sur 10m, et tassé sur plusieurs épaisseurs pour former des lots de 100 mètres cubes. Après plusieurs mois de fermentation ce fumier était vendu par lots aux cultivateurs des communes environnantes, pour la fertilisation des terres en complément du fumier de ferme. Il existait dans chacune des trois communes limitrophes un service de répurgation analogue à celui de Brest.

- La vidange des fosses  des immeubles de la ville était réalisée l'après-midi. L'opération consistait à pomper les eaux vannes dans une tonne montée sur un tombereau, au moyen d'une machine à vapeur à  gros pistons installée sur un deuxième tombereau, alimentée en vapeur par une chaudière sur un troisième tombereau. Le produit était ensuite transporté au Valy-Hir, et stocké dans des grandes cuves. La vidange était ensuite vendue aux agriculteurs qui venaient avec leur tonne à purin chercher leur marchandise.

La zone du Valy-Hir n'était pas habitée au début, mais les premiers habitants qui sont venus s'installer se souviennent des odeurs et nuisances diverses produites par la présence de ces déchets en putréfaction près de chez eux. Le déplacement dans les rues de la ville de ces tombereaux tirés par des chevaux et conduits par des gaillards hors du commun donnait un spectacle extraordinaire. Quant au fonctionnement de cette machine à pistons produisant des bruits et des vents chargés de vapeurs odorantes, il avait marqué toute la population au point que le groupe de chanteurs « les Goristes » en ont fait récemment une chanson « la pompe à Bé, la pompe à m... ».

 En 1934, l'entreprise a perdu le marché de ramassage du bourrier de la ville de Brest. Elle s'est alors lancée dans la fabrication d'eau de Javel sous la marque "La Supérieure". L'usine avait été montée au Prat-Ledan à l'emplacement des écuries. La production et la mise en bouteille étaient réalisées sur place par de nombreux salariés. Avec de gros camions spéciaux, l'entreprise allait dans le Sud-Est de la France chercher les produits chimiques, le chlore et la soude caustique qui étaient ensuite stockés près de l'usine.

 A partir de 1955, l'entreprise s'est recentrée sur son activité principale de vidanges, et de nettoyage mécanique à l'eau haute pression. L'activité a été reprise par un groupe national en 1975.

Noms de lieux (suite)

Prat Lédan : métairie, village et lavoirs au début du chemin de Recouvrance à Guilers. Nom composé de Prad (pré, prairie) et Ledan (large, étendu).

Valy-Hir : nom composé du breton Bali (avenue) sous forme lénifiée Valy et Hir (long). La rue qui porte ce nom est un tronçon de la voie romaine reliant Recouvrance à Loc-Mazé (Saint Mathieu) et Konk Leon (Le Conquet).

Alain Cloarec


 

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