La centrale électrique souterraine
du Portzic
La
centrale fut longtemps ignorée puisque inaccessible. elle est visible
aujourd’hui, en partie, pour le promeneur utilisant le chemin côtier
reliant Sainte-Anne à la Maison Blanche. Sa construction fut décidée en
remplacement des usines de Brest, Lorient et Saint-Nazaire, qui avaient
été détruites pendant les hostilités, l’Arsenal de Brest étant le
principal client à alimenter.
Les projets
EDF et Marine furent conjugués, la Marine s’intéressant
particulièrement à une installation protégée. Le choix de l’emplacement
s’est porté sur la région du Portzic, en raison de la configuration et
de la nature du terrain : une protection de 40 mètres d’épaisseur de
rocher au minimum au-dessus des ouvrages, la proximité de la mer, qui
permettrait un ravitaillement direct en combustible liquide par bateau,
la proximité des parcs de combustible de la Marine, avec lesquels une
liaison par pipe-line est assurée.
Les travaux
ont duré de 1947 à 1951. Une galerie de 160 mètres de long, haute de 7
mètres, large de 7 mètres, permet l’accès à deux alvéoles. La
principale a une longueur de 83 mètres, une largeur de 20 mètres, une
hauteur de voûte de 27 mètres, et elle abrite les réservoirs à mazout
et les installations en pompage d’eau de mer. Tout ceci est complété
par trois puits de 49 à 57 mètres de hauteur pour la prise d’air frais,
l’évacuation des fumées, les liaisons par câbles et les ascenseurs.
Seuls les bureaux et des réservoirs à mazout sont installés en surface.
Ce chantier était imposant, une nombreuse main-d’oeuvre y a participé.
Il fut aussi très meurtrier, il y a eu 33 morts. Le personnel de
conduite de la Centrale était constitué par des effectifs venus de
différentes centrales de l’Ouest de la France. La grande majorité du
personnel (41) furent logés dans une cité pavillonnaire à
Keranroux, construite spécialement pour eux en 1952
En 1962 fut construite une turbine à gaz de 20000 kw. Une turbine à gaz
est un énorme moteur à réaction qui entraîne une turbine. Le prix de
revient du KW est plus élevé que celui d’une centrale vapeur, mais son
prix d’installation est bien plus bas. L’avantage de la turbine à gaz
est sa grande souplesse d’utilisation. Il lui suffisait de 20 minutes
pour être à pleine charge, contre 6 heures à la centrale vapeur. C’est
un groupe qui ne tournait qu’aux heures de pointe, quand EDF vendait
ses KW au prix élevé. Ainsi, son utilisation est rentable.
La centrale vapeur fut déclassée en 1976, seule fut maintenue la
centrale à gaz. En 1980, après démontage de la centrale vapeur, fut
installé, toujours dans le souterrain, deux groupes de 20 000 kw
actionnés par moteur diesel. La turbine à gaz fut déclassée en même
temps, de même qu’était démontée la centrale diesel.
En 1986, le Centrale du Portzic n’a plus produit de courant électrique.
L’alimentation de la région est maintenant assurée par la Centrale de
Cordemais, la Centrale nucléaire de Chinon et pour une bien moindre
part, par l’usine marémotrice de la Rance, les pointes étant écrêtées
par des turbines à gaz installées à Dirinon et à Brennilis.
Et voilà ! La Centrale du Portzic a vécu. Pendant plus d’une trentaine
d’années, elle a participé à la fourniture d’électricité de la région
Bretagne.
R. Ropars et JP. Madec