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ECHO
DE SAINT-PIERRE N° 215, septembre 2009
Les vacances il y a plus de 60 ans
Construction d'un kayak à deux places, de 5 mètres de long
Après
discussion avec mes camarades durant les dernières vacances
d'apprentis, nous avons décidé de nous mettre à la construction d'un
kayak.
Mes amis, futurs menuisiers,
demandèrent des chutes de bois à leurs patrons, et moi je trouvai de la
toile à voile (du gros drap de cette époque) et des rivets de cuivre
pour l'assemblage des membrures. Nous avons acheté de la peinture
blanche pour rendre la toile étanche à l'eau.
La
construction se fit dans le garage dès octobre 1947 : assemblage des
membrures, confection des massifs avant et arrières, de la quille, des
plats-bords, du petit brise-lames etc... Nous avions récupéré des
bouchons de liège pour remplir les pics avant et arrière avant
d'entoiler le dessus. Les pagaies furent faites d'un manche à balai et
de pelles de bois. C'était rustique !
Enfin il
fut terminé en juin 1948, un soir avec toute l'équipe de copains
(Joseph, René, Jean, Guy et Henri). Le kayak commença son premier
voyage de Kerzudal jusqu'au forgeron de la rue Victor Eusen. Puis le
lendemain, nous avons pris la route par le Hildy, le kayak sur
l'épaule, en direction de la grève de Maison Blanche.
Après un contrôle de l'étanchéité, Jo et Henri
embarquèrent, direction Sainte-Anne du Porzic ! Les autres copains
firent la route par la côte en essayant de nous voir. Ce n'était pas
aussi facile qu'aujourd'hui car il n'y avait pas de sentier côtier !
Nous sommes donc passés devant les travaux de la future centrale, puis
trop fiers d'arriver à bon port voilà qu'une petite vague dans 50 cm
d'eau nous a fait chavirer à l'arrivée : bain forcé à 22h...
Henri Le Turquais
Les grandes vacances chez nous à Saint-Pierre
Je ne sais pas si ces mots magiques ont la même résonnance que celles
que j'ai connues, écolière de 10-12 ans. C'était pour quelques temps
l'abandon des cahiers, des devoirs et des leçons. Comment allions-nous
occuper nos longues journées ?
La glane
Dès que les gerbes de blé avaient quitté le champ, nous avions
l'autorisation de glaner les derniers épis qui traînaient sur le sol.
Les bouquets bien ronds disparaissaient très vite dans une caisse
réservée aux poulets qu'il fallait bien nourrir l'hiver.
Les mûres
Puis venait la cueillette des mûres : il n'en manquait pas dans les
champs voisins, et lors de la cuisson, c'était dans la maison, plus
qu'une odeur, un parfum ! Mais de tous mes souvenirs je retiens surtout
les heures passées à la préparation du sirop de mûres. Imaginez une
poignée de mûres bien noires, juteuses dans une petite bouteille, un
fond d'eau, une pincée de sucre et une fine branche de troêne.
Installés sur la balançoire on écrasait tout cela lentement pour en
faire un nectar. De temps en temps on suçait le bâton et alors on
suivait la trace d'une oreille à l'autre. Mais quel résultat !
L'arrachage des pommes de terre
Vers la fin des vacances, il fallait arracher les pommes de terre et
les enfants s'occupaient de la grenaille. La récompense était là :
l'autorisation de faire cuire les pommes de terre dans la cendre après
le brûlage des fanes.
On pourrait penser que
c'était monotone, pas du tout ! Le quartier vivait ainsi. Nous allions
faire des pique-niques, à la plage vers Sainte-Anne et Le Dellec
(quelle expédition !) ou plus près à la campagne près d'un lavoir ou
d'un ruisseau...
Tiens ... encore un souvenir !
Celui de la marchande de peaux de lapins. Elle passait dans le
quartier, installée jambes pendantes à l'arrière de la carriole, tirée
par un âne. Brune, fleur dans les cheveux et entre deux « peaux de
lapins, peaux !» elle chantait. C'était pour nous un joli spectacle que
l'on suivait discrètement le plus longtemps possible, et tout cela
pendant les vacances.
Yvette Chapalain
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