Bien modestement je voudrais apporter, en ces quelques lignes, une
suite à l'article de Mémoire de Saint-Pierre, "Jeannie couturière au
Barullu", paru en novembre 2008 dans le numéro 207 de "L'écho".SOUVENIRS, SOUVENIRS...Cet
article (je l'ai lu... et relu) m'a profondément touchée. Je peux aussi
y ajouter une page, page de ma vie et de ma jeunesse, chargée
d'émotion. C'était à une époque désormais lointaine. C'était la guerre,
en 1942...J'AVAIS 14 ANS...Comme
beaucoup de filles de mon âge, par goût et par tradition, j'ai été «
aiguillée » vers la couture. Certes, il y avait quelques écoles comme
l'ouvroir chez les sœurs de l'Ecole Pratique rue Danton à
Brest/Saint-Martin. Cette voie (la couture), reconnue, était très
importante pour les filles, futures maîtresses de maison et mères de
familles.
Pour ma part selon la décision de mes parents et l'acceptation de
Mademoiselle LE GOFF (Jeannie), je me retouvais dans le petit atelier
du 56 route de Quatre-Pompes (aujourd'hui 52) dans le quartier du
Barullu....ET ME VOILÀ APPRENTIE
Du fait de la guerre sans doute, et de la population dispersée, nous ne
sommes que deux apprenties sur la dizaine qu'a connu cet atelier
renommé. Allons-nous être bichonnées par la patronne ? A voir !
Avant de coudre à la machine, il faut apprendre le B.A BA de la
couture. C'est quoi ? Eh bien ! Faufiler, défaufiler, refaufiler.
Tel est notre quotidien.BEAUCOUP DE COMMANDES...
Beaucoup... Cela peut vous étonner en cette période de restriction où
la matière est contingentée. Certaines clientes apportent le tissu et
choisissent leur futur vêtement sur les catalogues de la couturière.
Les temps sont difficiles et la majorité des commandes se fait
cependant sur de vieux vêtements apportés ayant déjà leur histoire.
Qu'importe, on va les transformer pour leur donner une nouvelle vie. La
petite apprentie d'alors qui vous écrit aujourd'hui, découd jupes,
chemisiers, vestes, avant que la patronne, d'une main experte et au
coup de ciseaux habile, ajuste coupe et recoupe, pour en faire un
vêtement « neuf ». Quel bonheur...HÉLAS ! IL FAUT PARTIR...Malheureusement,
du fait de la fréquence des bombardements et de la frayeur de ses vieux
parents, Mademoiselle Jeannie doit quitter provisoirement sa maison et
son atelier pour se réfug
Bien modestement je voudrais apporter, en ces quelques lignes, une
suite à l'article de Mémoire de Saint-Pierre, "Jeannie couturière au
Barullu", paru en novembre 2008 dans le numéro 207 de "L'écho".
SOUVENIRS, SOUVENIRS...
Cet
article (je l'ai lu... et relu) m'a profondément touchée. Je peux aussi
y ajouter une page, page de ma vie et de ma jeunesse, chargée
d'émotion. C'était à une époque désormais lointaine. C'était la guerre,
en 1942...
J'AVAIS 14 ANS...
Comme beaucoup de filles de mon
âge, par goût et par tradition, j'ai été « aiguillée » vers la couture.
Certes, il y avait quelques écoles comme l'ouvroir chez les sœurs de
l'Ecole Pratique rue Danton à Brest/Saint-Martin. Cette voie (la
couture), reconnue, était très importante pour les filles, futures
maîtresses de maison et mères de familles.
Pour
ma part selon la décision de mes parents et l'acceptation de
Mademoiselle LE GOFF (Jeannie), je me retouvais dans le petit atelier
du 56 route de Quatre-Pompes (aujourd'hui 52) dans le quartier du
Barullu.
...ET ME VOILÀ APPRENTIE
Du fait
de la guerre sans doute, et de la population dispersée, nous ne sommes
que deux apprenties sur la dizaine qu'a connu cet atelier renommé.
Allons-nous être bichonnées par la patronne ? A voir ! Avant de
coudre à la machine, il faut apprendre le B.A BA de la couture. C'est
quoi ? Eh bien ! Faufiler, défaufiler, refaufiler. Tel est notre
quotidien.
BEAUCOUP DE COMMANDES...
Beaucoup... Cela peut vous étonner en cette période de restriction où
la matière est contingentée. Certaines clientes apportent le tissu et
choisissent leur futur vêtement sur les catalogues de la couturière.
Les temps sont difficiles et la majorité des commandes se fait
cependant sur de vieux vêtements apportés ayant déjà leur histoire.
Qu'importe, on va les transformer pour leur donner une nouvelle vie. La
petite apprentie d'alors qui vous écrit aujourd'hui, découd jupes,
chemisiers, vestes, avant que la patronne, d'une main experte et au
coup de ciseaux habile, ajuste coupe et recoupe, pour en faire un
vêtement « neuf ». Quel bonheur...
HÉLAS ! IL FAUT PARTIR...
Malheureusement,
du fait de la fréquence des bombardements et de la frayeur de ses vieux
parents, Mademoiselle Jeannie doit quitter provisoirement sa maison et
son atelier pour se réfugier en plein bourg de Locmaria-Plouzané. Adieu
fil et aiguilles, c'était en 1943. Mon apprentissage s'arrête là, pour
cette période d'un an, sans avoir eu la joie et la responsabilité
d'apprendre à couper le tissu et à piquer à la machine. Vais-je
m'arrêter là moi aussi ? A mon tour, avec ma famille, je quitte Kervazé
pour être accueillie à Saint-Renan.
LA GUERRE EST FINIE...
Après la guerre, Mademoiselle Jeannie reprend son activité au Barullu
pour quelques années encore. Elle a bientôt la soixantaine. Hélas, elle
n'accepte plus d'apprenties, son activité est restreinte. Jeanne, qui
vous écrit, reprend des cours de découpe en ville. Malgré
l'apprentissage interrompu par la guerre, une confidence entre nous, je
suis devenue une bonne – d'autres diront très bonne – couturière. C'est
la rançon de la patience, de la persévérance et du courage... Mais,
surtout, n'allez pas le répéter. C'était entre nous.
Voyez qu'il s'en passe des choses au Barullu.
JEANNE
une apprentie parmi d'autres
ier
en plein bourg de Locmaria-Plouzané. Adieu fil et aiguilles, c'était en
1943. Mon apprentissage s'arrête là, pour cette période d'un an, sans
avoir eu la joie et la responsabilité d'apprendre à couper le tissu et
à piquer à la machine. Vais-je m'arrêter là moi aussi ? A mon tour,
avec ma famille, je quitte Kervazé pour être accueillie à Saint-Renan.LA GUERRE EST FINIE...
Après la guerre, Mademoiselle Jeannie reprend son activité au Barullu
pour quelques années encore. Elle a bientôt la soixantaine. Hélas, elle
n'accepte plus d'apprenties, son activité est restreinte. Jeanne, qui
vous écrit, reprend des cours de découpe en ville. Malgré
l'apprentissage interrompu par la guerre, une confidence entre nous, je
suis devenue une bonne – d'autres diront très bonne – couturière. C'est
la rançon de la patience, de la persévérance et du courage... Mais,
surtout, n'allez pas le répéter. C'était entre nous.Voyez qu'il s'en passe des choses au Barullu.Jeanne Gélébart
une apprentie parmi d'autres