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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 218, décembre 2009

DE KERVAZÉ AU BARULLU SUR LE CHEMIN DE JEANNE
DERNIÈRE APPRENTIE COUTURIÈRE CHEZ JEANNIE
       
    Bien modestement je voudrais apporter, en ces quelques lignes, une suite à l'article de Mémoire de Saint-Pierre, "Jeannie couturière au Barullu", paru en novembre 2008 dans le numéro 207 de  "L'écho".

SOUVENIRS, SOUVENIRS...
Cet article (je l'ai lu... et relu) m'a profondément touchée. Je peux aussi y ajouter une page, page de ma vie et de ma jeunesse, chargée d'émotion. C'était à une époque désormais lointaine. C'était la guerre, en 1942...

J'AVAIS 14 ANS...
Comme beaucoup de filles de mon âge, par goût et par tradition, j'ai été « aiguillée » vers la couture. Certes, il y avait quelques écoles comme l'ouvroir chez les sœurs de l'Ecole Pratique rue Danton à Brest/Saint-Martin. Cette voie (la couture), reconnue, était très importante pour les filles, futures maîtresses de maison et mères de familles.
    Pour ma part selon la décision de mes parents et l'acceptation de Mademoiselle LE GOFF (Jeannie), je me retouvais dans le petit atelier du 56 route de Quatre-Pompes (aujourd'hui 52) dans le quartier du Barullu.

...ET ME VOILÀ APPRENTIE
    Du fait de la guerre sans doute, et de la population dispersée, nous ne sommes que deux apprenties sur la dizaine qu'a connu cet atelier renommé. Allons-nous être bichonnées par la patronne ?  A voir ! Avant de coudre à la machine, il faut apprendre le B.A BA de la couture. C'est quoi ? Eh bien ! Faufiler, défaufiler, refaufiler. Tel est notre quotidien.

BEAUCOUP DE COMMANDES...
    Beaucoup... Cela peut vous étonner en cette période de restriction où la matière est contingentée. Certaines clientes apportent le tissu et choisissent leur futur vêtement sur les catalogues de la couturière. Les temps sont difficiles et la majorité des commandes se fait cependant sur de vieux vêtements apportés ayant déjà leur histoire. Qu'importe, on va les transformer pour leur donner une nouvelle vie. La petite apprentie d'alors qui vous écrit aujourd'hui, découd jupes, chemisiers, vestes, avant que la patronne, d'une main experte et au coup de ciseaux habile, ajuste coupe et recoupe, pour en faire un vêtement « neuf ». Quel bonheur...

HÉLAS ! IL FAUT PARTIR...
Malheureusement, du fait de la fréquence des bombardements et de la frayeur de ses vieux parents, Mademoiselle Jeannie doit quitter provisoirement sa maison et son atelier pour se réfug       
    Bien modestement je voudrais apporter, en ces quelques lignes, une suite à l'article de Mémoire de Saint-Pierre, "Jeannie couturière au Barullu", paru en novembre 2008 dans le numéro 207 de  "L'écho".

SOUVENIRS, SOUVENIRS...
Cet article (je l'ai lu... et relu) m'a profondément touchée. Je peux aussi y ajouter une page, page de ma vie et de ma jeunesse, chargée d'émotion. C'était à une époque désormais lointaine. C'était la guerre, en 1942...

J'AVAIS 14 ANS...
Comme beaucoup de filles de mon âge, par goût et par tradition, j'ai été « aiguillée » vers la couture. Certes, il y avait quelques écoles comme l'ouvroir chez les sœurs de l'Ecole Pratique rue Danton à Brest/Saint-Martin. Cette voie (la couture), reconnue, était très importante pour les filles, futures maîtresses de maison et mères de familles.
    Pour ma part selon la décision de mes parents et l'acceptation de Mademoiselle LE GOFF (Jeannie), je me retouvais dans le petit atelier du 56 route de Quatre-Pompes (aujourd'hui 52) dans le quartier du Barullu.

...ET ME VOILÀ APPRENTIE
    Du fait de la guerre sans doute, et de la population dispersée, nous ne sommes que deux apprenties sur la dizaine qu'a connu cet atelier renommé. Allons-nous être bichonnées par la patronne ?  A voir ! Avant de coudre à la machine, il faut apprendre le B.A BA de la couture. C'est quoi ? Eh bien ! Faufiler, défaufiler, refaufiler. Tel est notre quotidien.

BEAUCOUP DE COMMANDES...
    Beaucoup... Cela peut vous étonner en cette période de restriction où la matière est contingentée. Certaines clientes apportent le tissu et choisissent leur futur vêtement sur les catalogues de la couturière. Les temps sont difficiles et la majorité des commandes se fait cependant sur de vieux vêtements apportés ayant déjà leur histoire. Qu'importe, on va les transformer pour leur donner une nouvelle vie. La petite apprentie d'alors qui vous écrit aujourd'hui, découd jupes, chemisiers, vestes, avant que la patronne, d'une main experte et au coup de ciseaux habile, ajuste coupe et recoupe, pour en faire un vêtement « neuf ». Quel bonheur...

HÉLAS ! IL FAUT PARTIR...
Malheureusement, du fait de la fréquence des bombardements et de la frayeur de ses vieux parents, Mademoiselle Jeannie doit quitter provisoirement sa maison et son atelier pour se réfugier en plein bourg de Locmaria-Plouzané. Adieu fil et aiguilles, c'était en 1943. Mon apprentissage s'arrête là, pour cette période d'un an, sans avoir eu la joie et la responsabilité d'apprendre à couper le tissu et à piquer à la machine. Vais-je m'arrêter là moi aussi ? A mon tour, avec ma famille, je quitte Kervazé pour être accueillie à Saint-Renan.

LA GUERRE EST FINIE...
    Après la guerre, Mademoiselle Jeannie reprend son activité au Barullu pour quelques années encore. Elle a bientôt la soixantaine. Hélas, elle n'accepte plus d'apprenties, son activité est restreinte. Jeanne, qui vous écrit, reprend des cours de découpe en ville. Malgré l'apprentissage interrompu par la guerre, une confidence entre nous, je suis devenue une bonne – d'autres diront très bonne – couturière. C'est la rançon de la patience, de la persévérance et du courage... Mais, surtout, n'allez pas le répéter. C'était entre nous.
Voyez qu'il s'en passe des choses au Barullu.
JEANNE
une apprentie parmi d'autres
ier en plein bourg de Locmaria-Plouzané. Adieu fil et aiguilles, c'était en 1943. Mon apprentissage s'arrête là, pour cette période d'un an, sans avoir eu la joie et la responsabilité d'apprendre à couper le tissu et à piquer à la machine. Vais-je m'arrêter là moi aussi ? A mon tour, avec ma famille, je quitte Kervazé pour être accueillie à Saint-Renan.


LA GUERRE EST FINIE...
    Après la guerre, Mademoiselle Jeannie reprend son activité au Barullu pour quelques années encore. Elle a bientôt la soixantaine. Hélas, elle n'accepte plus d'apprenties, son activité est restreinte. Jeanne, qui vous écrit, reprend des cours de découpe en ville. Malgré l'apprentissage interrompu par la guerre, une confidence entre nous, je suis devenue une bonne – d'autres diront très bonne – couturière. C'est la rançon de la patience, de la persévérance et du courage... Mais, surtout, n'allez pas le répéter. C'était entre nous.
Voyez qu'il s'en passe des choses au Barullu.
Jeanne Gélébart
une apprentie parmi d'autres

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