Dans un précédent article nous avons parlé du charron qui réalisait et
réparait les différents modèles de tombereaux et charrettes ainsi que
des maréchaux ferrants (Echo n° 205 de septembre 2008) qui soignaient
les sabots des chevaux et les équipaient de fers. Pour relier les deux
il existe un troisième métier : le bourrelier.
Bourrelier, c'est quoi ?
Le bourrelier fabrique et vend des pièces de harnais
pour animaux de trait (colliers pour chevaux, brides, rênes, sangles en
cuir…) et des articles divers en cuir, comme certains tabliers de
travail. Le collier, pièce importante dans le travail du cheval, est
individualisé à chaque cheval. Ainsi en adaptant le rembourrage du
collier (d’où le nom bourrelier) autour du support en bois à la forme
des épaules du cheval, celui-ci peut transmettre plus efficacement et
sans blessure son effort de traction. Les bourreliers allaient de temps
en temps dans les fermes afin de réviser ce rembourrage et réparer
l’usure des colliers et harnais.
Les Pérès
Monsieur Pérès a démarré ce métier à Plouzané à
l’âge de 20 ans. Il est arrivé à Saint-Pierre en 1947 et a installé son
atelier de bourrellerie dans un garage 63 rue Victor Eusen à l’angle de
la rue de Keranquéré. Vers 1950, à l’arrivée des tracteurs, il complète
son activité par la réalisation de cartables et sacoches diverses. Peu
de temps après, il construit un autre atelier, contre le premier, afin
d’y réaliser des travaux de matelasserie (sommiers et matelas neufs et
réparations). C’est cette activité qui a été prolongée par son
petit-fils, Monsieur Larvor, en y ajoutant la tapisserie de sièges. Mi
2009, Monsieur Larvor a transmis la place à son ex-employée qui se
consacre surtout à la tapisserie d’ameublement et à la restauration de
sièges.
Les Ferelloc
Avant eux il y avait eu un autre bourrelier,
Monsieur Ferelloc, face à l’église, à l’emplacement de l’actuelle
fleuriste. La façade de l’atelier était en retrait de la rue. Les
pièces métalliques des harnais étaient réalisées par l’un ou l’autre
des forgerons Nicolas. Madame Ferelloc tenait une petite épicerie-vente
de vins. Derrière l’épicerie une salle permettait de recevoir des
groupes de personnes pour une consommation, par exemple après un
enterrement ou les jours de marché ou autre… Sur la photo ci-dessous,
qui date de 1936, on aperçoit Mme Ferelloc à la fenêtre ainsi qu’un
collier de cheval sur la devanture de l’atelier.
Mr Ferelloc a débuté son métier à Plougonvelin puis est venu
s’installer à Saint-Pierre en 1912. Il a terminé son activité au
début de la dernière guerre. La maison et l’atelier furent détruits par
les bombardements.
Pour coudre le cuir le bourrelier perce un trou avec une alêne dans
chaque pièce à assembler. Il réalise la couture avec deux aiguilles
enfilées qui vont passer successivement en sens opposés dans le trou
puis, après tension des 2 fils, il fait un autre trou et ainsi de
suite. Le fil de lin ou de chanvre a été préalablement enduit de poix
(sorte de cire végétale). Cela le renforce et l’aide à glisser dans les
trous.
J.C. Beauvisage
Une scène dans la ferme de Traon-Bihan montre que les chevaux faisaient partie de la vie, les bourreliers avaient du travail
quelques outils de bourrelier