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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 230, février 2011

A l'école pendant la guerre 39/45
  
   
    Jean Herry est un Quilbignonnais né en 1933, il avait donc l'âge d'aller à l'école pendant la guerre.
Mais les bombardements arrivent, les habitants doivent se réfugier en dehors de la ville. Certains dans la Sarthe, d'autres dans des communes aux environs de Brest. Les écoles ont dû fermer à Saint-Pierre.
Les parents de Jean ont choisi de rester à Saint-Pierre, et de scolariser leur fils en pension à Plouzané dans une école privée.

    Nous l'avons rencontré pour lui demander comment cela se passait.

Écho : Comment s'organisait cette scolarisation ?
Jean : c'était très pénible, car il nous fallait faire le trajet de 7 kilomètres entre Saint-Pierre et Plouzané à pied, plusieurs fois par semaine : le lundi matin en bande pour revenir le mercredi soir, puis le vendredi matin pour revenir le samedi soir, sauf certaines semaines où nous restions en pension le dimanche. Le jeudi, il n'y avait pas école. Nous faisions la route en groupes, grands et petits mélangés. J'étais dans les plus jeunes. Ce n'était pas facile, surtout par mauvais temps, avec comme chaussures des galoches à semelles de bois.
 
Écho : à 7 ans, tu ne faisais pas la comédie à tes parents pour partir ?
Jean : certainement pas, c'était interdit, il fallait obéir. Il n'y a qu'une fois que je me suis trompé : je suis rentré à la maison le mardi soir au lieu du mercredi, ça m'arrangeait.

Écho : c'était difficile, mais vous deviez parfois vous amuser aussi pendant le trajet
Jean : oui, mais parfois avec imprudence. Je me souviens qu'à la fin de la guerre, en 1945, lorsque les Allemands sont partis, ils ont laissé des armes en état de marche dans la nature.
Nous y trouvions des mitrailleuses des grenades et autres, avec lesquels nous nous amusions en tirant à balles réelles et en les faisant exploser. Au fort Montbarey, au bord de la route il y avait un blockhaus avec des caisses d'obus que nous démontions en tapant l'ogive contre le béton pour récupérer les fusants (poudre en bâton) que nous utilisions pour faire des pétards.  Heureusement qu'il n'y a pas eu de victimes.

Écho : comment était organisée l'école ?
Jean : c'était assez sévère, nous étions 35, voire plus par classe. Quilbignonnais, nous étions minoritaires par rapport à ceux de Plouzané.


Écho : et la pension ?
Jean : nous dormions dans de grands dortoirs dans des lits bien alignés, peut-être une cinquantaine. Pour les sanitaires, c'était très succinct, sans eau courante.

Écho : que mangiez vous ?
Jean : je me souviens que parfois la nuit nous allions piquer du bon pain et du beurre aux gars issus de la campagne,  car nous devions nous contenter de compote et de pain noir au petit déjeuner. Cela n'a pas duré, les surveillants nous en ont empêché. Pour les repas, c'était souvent du "rata".

Écho : quels étaient vos loisirs ?
Jean : nous jouions au foot, à la bagarre et autres jeux comme récupérer des hannetons ou des grillons.
Le dimanche, lorsque nous restions en pension, nous devions aussi aller à la messe de sept heures, puis à la grand-messe et aux vêpres l'après-midi. Puis, nous allions ensuite nous laver les pieds dans de l'eau "courante" de la rivière route de Ploumoguer ou près du moulin de Ker ar Groaz près du bourg. Aux beaux jours, nous allions à pied à la plage du Minou.

Écho : Combien de temps cela a-t-il duré ?
Jean : environ 3 ans, après un an de scolarisation à Saint-Pierre.

Écho : et vos parents pendant ce temps ?
Jean : ils sont restés à Saint-Pierre jusqu'en 1943 puis, vu les bombardements ils ont déménagé au Dellec chez leurs parents à Plouzané, avant de se réfugier à Trégorf près de Saint-Renan.
A leur retour à Saint-Pierre fin 1945, ils ont découvert leur maison brûlée au 51 rue de la Mairie (aujourd'hui rue Victor Eusen). Il leur a fallu trouver un logement provisoire.
Paul Person

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