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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 234, juin 2011

La moisson à Saint-Pierre dans les années 40
   
                    S'il reste aujourd'hui 4 fermes à Saint-Pierre Quilbignon, en 1940 il y en avait une centaine. Les terres agricoles sont devenues urbaines depuis.

        A cette époque, fin Juillet était une période importante, l’occasion de sortir la moissonneuse-lieuse de marque "LA FRANCE". Il fallait installer les toiles, monter les rabatteurs, huiler les engrenages (les graisseurs ne sont pas encore inventés), garnir le logement pour la ficelle de sisal et affûter les lames des couteaux. Pour  tourner  la meule on faisait appel aux enfants.

    Avant  d’y envoyer la machine on devait faire le tour du champ à la faux en ayant soin de bien dégager les coins. Les gerbes étaient liées à la main  par un fétu de paille, heureux quand celle-ci était assez longue. 
       
    La lieuse était tractée par trois chevaux, on mettait de deux heures à deux heures et demie pour couper un hectare. Le champ moissonné, on dressait les gerbes en javelles, et parfois en « cocuhats » (grandes javelles) de   soixante gerbes. Là nous étions tranquilles, la récolte  ne craignait plus la pluie.
   
    Le transport des gerbes du champ à l'aire à battre se faisait par charrettes. Celles-ci avaient une base très étroite, les gerbes débordaient largement sur les roues  et sur les "ridell" (bord de la charrette). Pour maintenir la charretée on disposait de deux grandes cordes, munies chacune d'un troell (outil pour accrocher la corde) ; malgré ces précautions il n'était pas rare, quand la paille était bien sèche, que la voiturée se renverse (un mauvais point pour le charretier).
       
    Une fois la récolte rentrée, les glaneurs (pennaouer) étaient autorisés à venir ramasser la paille et les épis restants, pour la nourriture de leurs poules.
   
    Sur l’aire, on trouvait trois meules. La plus grande était celle du froment et les deux autres, plus petites, celles de l’orge et l’avoine, avec un passage entre elles pour placer la batteuse.
       
    Quand la batteuse arrivait, tous les voisins étaient là. Quelle effervescence pour affecter le poste de chacun en fonction de leurs compétences : deux hommes pour  jeter les gerbes sur la table, deux pour couper les liens, un pour alimenter la machine, deux ou trois pour porter les sacs de grains au grenier, un pour dégager la balle, cinq pour transporter la paille. En général le patron arrimait le tas de paille, ce travail fut facilité par l'arrivée de la presse-paille.
   
    Pendant ce temps, les femmes passaient régulièrement pour servir  les hommes assoiffés ; "l'honneur de la maison était en jeu".
       
    A Kergrac'h (ferme dans le quartier de Kervallon) les travaux duraient toute la journée, cela se terminait par un grand repas appelé le "peurzourn" (fin du battage). Le lendemain matin on se retrouvait tous chez le voisin.
   
    Actuellement les moissonneuses-batteuses ont remplacé tout ça, mais les souvenirs demeurent ; nostalgie  nostalgie.

    PS : La première moissonneuse–lieuse est arrivée à Kerstéria (usine Thales actuellement) en 1915. Elle a remplacé avantageusement l’ancienne faucheuse ; celle-ci, en plus des deux hommes sur la machine, nécessitait la présence de huit hommes ou femmes pour lier les gerbes.

Le battage chez Kerneis au Vernis (Sainte-Anne du Portzic)



des chevaux au travail dans un champ situé à l'emplacement actuel de la rue Garcia Lorca
 


Jean Pochart



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