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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 238, décembre 2011

L’Île Factice
  
    Cette île artificielle, située dans la Penfeld, en bas de la Cavale Blanche, fut construite par Mr Tarbé de Vauclair.

Les bagnards
    Les travaux de terrassements furent effectués entre 1803 et 1818 par les forçats du bagne de Brest. Ils étaient logés dans un bâtiment appelé « le petit bagne » et ne rentraient au bagne qu'en fin de semaine. Le milieu de la rivière fut comblé au moyen de déblais provenant de diverses excavations en cours dans l'arsenal.
Ces travaux de déblaiement, tout en augmentant la superficie des quais, permirent la construction de la digue d'une longueur de 650m et d'une largeur moyenne de 43m.

La passerelle de la digue
    Le 21 août 1898 le conseil municipal de Saint-Pierre, en accord avec celui de Lambézellec, décide la construction d’une passerelle reliant les deux rives au dessus de l’Íle factice. Le Général Dard, propriétaire de la Cavale Blanche, cède gratuitement le terrain d’accès. Au centre de la passerelle il y avait un grand escalier que les gardiens empruntaient pour se rendre sur l’île.
    En 1940 l’un des gardiens était Pierre SAOS, bien connu des Quilbignonnais.

Le stockage du bois
    L'île servit à stocker le bois nécessaire à la construction des navires. Ce bois en provenance de la forêt du Cranou notamment était conservé dans l'eau saumâtre à proximité de l'île.
Retenu immergé par des poteaux enfoncés verticalement dans la vase, ce bois demeurait sain car il était protégé contre les attaques sournoises des tarets(1) ou des champignons. En fait le bois sèche dans l'eau, car l'eau chasse la sève et casse le «nerf» du bois.

Les différentes essences de bois
    Les essences indispensables pour construire un vaisseau de ligne sont le chêne pour les coques, le pin pour les mâts, le peuplier pour les sculptures, l'orme pour les affûts de canon. Certaines espèces de bois devaient être importées des pays nordiques.

Naissance de l'atelier à bois
    En 1945 l'Île Factice fut transformée en presqu'île par le remblaiement de la rive avec des gravats de la reconstruction de la ville de Brest.
L'atelier à bois de la DCAN naît ainsi et entretient au

fil des ans les unités en bois de la marine nationale et de la marine civile. Il y avait en permanence  une quarantaine d’ouvriers.
    Il y a eu un projet de comblement de la Penfeld entre l’atelier à bois et la Villeneuve. Les hectares gagnés sur l’eau auraient permis l’implantation d’un grand stade  abrité des vents dominants et bénéficiant du parking du parc d’exposition. Mais cela n'a pas été réalisé.

La modernisation
    Depuis 1954 l'atelier a été équipé de machines plus modernes et plus performantes : dégauchisseuses, raboteuses, toupies, raboteuses 4 faces et une des dernières acquisitions, la scie à grumes à télécommande avec une seule personne au pupitre.

Quelques exemples de travaux effectués à l'atelier
- Les coussins de ligne d'arbre confectionnés en gaïac,
- Les lignes de tins des bâtiments avec de l’azobé ; l'iroko a servi à tapisser les parois des radiers des TCD Foudre, Mistral et Tonnerre,
- Les mâts des Belle Poule, Étoile et Mutin,
- Le maquettage, qui consiste à fabriquer à l'échelle 1, certaines pièces d'un navire,
- La marine ancienne avec la remise en état du Bel Espoir, le bateau du Père Jaouen.

2008, c'est la fin
    Pour les passionnés de vieux gréements, l'atelier bois de la DCN constituait un authentique conservatoire de la charpente de marine. Les bâtiments et les hangars ont été vidés de tout le matériel et des machines. C'est une page de l'histoire commencée avec Colbert qui se tourne !
 (1) Taret : mollusque creusant des galeries dans les coques des bateaux en bois.
Elisabeth Grannec
             
  

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