Cette île artificielle, située dans la Penfeld, en bas de la Cavale Blanche, fut construite par Mr Tarbé de Vauclair.
Les bagnards
Les travaux de terrassements furent effectués
entre 1803 et 1818 par les forçats du bagne de Brest. Ils étaient logés
dans un bâtiment appelé « le petit bagne » et ne rentraient au bagne
qu'en fin de semaine. Le milieu de la rivière fut comblé au moyen de
déblais provenant de diverses excavations en cours dans l'arsenal.
Ces travaux de déblaiement, tout en augmentant la superficie des quais,
permirent la construction de la digue d'une longueur de 650m et d'une
largeur moyenne de 43m.
La passerelle de la digue
Le 21 août 1898 le conseil municipal de
Saint-Pierre, en accord avec celui de Lambézellec, décide la
construction d’une passerelle reliant les deux rives au dessus de l’Íle
factice. Le Général Dard, propriétaire de la Cavale Blanche, cède
gratuitement le terrain d’accès. Au centre de la passerelle il y avait
un grand escalier que les gardiens empruntaient pour se rendre sur
l’île.
En 1940 l’un des gardiens était Pierre SAOS, bien connu des Quilbignonnais.
Le stockage du bois
L'île servit à stocker le bois nécessaire à la
construction des navires. Ce bois en provenance de la forêt du Cranou
notamment était conservé dans l'eau saumâtre à proximité de l'île.
Retenu immergé par des poteaux enfoncés verticalement dans la vase, ce
bois demeurait sain car il était protégé contre les attaques sournoises
des tarets(1) ou des champignons. En fait le bois sèche dans l'eau, car
l'eau chasse la sève et casse le «nerf» du bois.
Les différentes essences de bois
Les essences indispensables pour construire un
vaisseau de ligne sont le chêne pour les coques, le pin pour les mâts,
le peuplier pour les sculptures, l'orme pour les affûts de canon.
Certaines espèces de bois devaient être importées des pays nordiques.
Naissance de l'atelier à bois
En 1945 l'Île Factice fut transformée en
presqu'île par le remblaiement de la rive avec des gravats de la
reconstruction de la ville de Brest.
L'atelier à bois de la DCAN naît ainsi et entretient au
fil des ans les unités en bois de la marine nationale et de la marine
civile. Il y avait en permanence une quarantaine d’ouvriers.
Il y a eu un projet de comblement de la Penfeld
entre l’atelier à bois et la Villeneuve. Les hectares gagnés sur l’eau
auraient permis l’implantation d’un grand stade abrité des vents
dominants et bénéficiant du parking du parc d’exposition. Mais cela n'a
pas été réalisé.
La modernisation
Depuis 1954 l'atelier a été équipé de machines
plus modernes et plus performantes : dégauchisseuses, raboteuses,
toupies, raboteuses 4 faces et une des dernières acquisitions, la scie
à grumes à télécommande avec une seule personne au pupitre.
Quelques exemples de travaux effectués à l'atelier
- Les coussins de ligne d'arbre confectionnés en gaïac,
- Les lignes de tins des bâtiments avec de l’azobé ; l'iroko a servi à
tapisser les parois des radiers des TCD Foudre, Mistral et Tonnerre,
- Les mâts des Belle Poule, Étoile et Mutin,
- Le maquettage, qui consiste à fabriquer à l'échelle 1, certaines pièces d'un navire,
- La marine ancienne avec la remise en état du Bel Espoir, le bateau du Père Jaouen.
2008, c'est la fin
Pour les passionnés de vieux gréements,
l'atelier bois de la DCN constituait un authentique conservatoire de la
charpente de marine. Les bâtiments et les hangars ont été vidés de tout
le matériel et des machines. C'est une page de l'histoire commencée
avec Colbert qui se tourne !
(1) Taret : mollusque creusant des galeries dans les coques des bateaux en bois.
Elisabeth Grannec