Un bien joli nom pour une
source champêtre, ou plutôt deux sources. Il y a en effet deux
Fontaines Margot à Brest : L’une à Prat ar Raty, à l’intersection des
rues Lesven et Hoche, sur l’ancienne commune de Lambezellec, et une
autre rue de Laninguer, à Keranroux, sur l’ancienne commune de Saint-
Pierre Quilbignon.
Sous l’ancien régime, la fontaine de Prat ar Raty faisait partie du
domaine du Seigneur de Kerinou. Les eaux étaient canalisées, pour
desservir les fermes de Kerichen et Kerinou Vian et le manoir de
Kerinou. En 1889, la commune de Lambezellec avait construit une
installation de captage, de pompage et de distribution d’eau potable
pour desservir la population du nouveau quartier du Pilier Rouge en
utilisant les eaux de Prat ar Raty. Les eaux de la fontaine étaient
stockées dans un bassin et pompées vers un château d’eau construit à
Pen ar Creac’h. Ce bassin a été plus tard aménagé en lavoir couvert,
que l’on peut observer encore aujourd’hui.
Jusque 1880, le quartier de Recouvrance était desservi en eau potable
depuis un réservoir situé à Saint Sauveur. Les eaux provenaient des
sources de Trémilliau et Saint-Péronnelle au Prat Ledan, sur la commune
de Saint-Pierre Quilbignon ; elles étaient acheminées par gravité à
Recouvrance par un collecteur qui traversait les remparts des
fortifications de la ville au niveau de la porte du Conquet. Compte
tenu de l’augmentation de la population à Recouvrance, la Ville de
Brest fut dans l’obligation de développer son installation de collecte,
stockage d’eau potable sur la Rive Droite. En 1882, elle fit
l’acquisition de la ferme de Coat Tan, où se trouvait un source ayant
un bon débit. Elle fit construire à la même époque le réservoir des
Quatre Moulins, sous l’avenue du Polygone. Les eaux de Coat Tan étaient
acheminées par pompage jusqu’au réservoir des Quatre Moulins par une
conduite qui contournait le terrain militaire du Polygone par le Nord
en passant près de Mesnos, Point du Jour et Kergrac’h. Il avait été
nécessaire de réaliser à Coat Tan une installation de captage, de
stockage et de pompage de l’eau. Des vestiges de ces ouvrages sont
encore visibles dans une petite parcelle close de murs en maçonnerie
dans un lieu nommé aujourd’hui «Poull ar Feunteun».
Les
travaux de captation et de pose des conduites
allaient être entrepris quand la municipalité de Saint Pierre
Quilbignon intervint. Elle se montrait tout aussi soucieuse de procurer
de l’eau à ses administrés et souhaitait profiter des travaux en cours
sur le territoire de sa commune pour obtenir la mise en place de bornes
fontaines dans les lieux proches de Recou-vrance. La commune de
Saint-Pierre Quilbignon a alors cédé à la Ville de Brest un terrain
vague qu’elle possédait sur les glacis du fort de Keranroux, contenant
la source dite «Fontaine Margot». En échange de
cette cession gratuite, la Ville de Brest avait pris en charge :
- Une borne fontaine à courant continu, d’un débit de
5 m3 par jour pour alimenter un lavoir qui serait construit sur le lieu
de la source ;
- Une borne fontaine d’un débit de 4 m3 par jour au village du Rouisan ;
- Une borne fontaine d’un débit de 6 m3 par jour placée contre le réservoir du Polygone.
Les travaux réalisés à la Fontaine Margot comprenaient donc : un
bâtiment abritant la source, dans un enclos muré, une conduite reliant
la Fontaine Margot au réservoir de Coat Tan, et un lavoir. Aujourd’hui
il est encore possible de voir les vestiges de ces ouvrages.
Un nouveau quartier portant le nom de Fontaine Margot doit voir le jour très prochainement dans cette zone de la Rive Droite.
Alain Cloarec
image ci-dessus : bâtiment abritant la fontaine rue de Laninger