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ECHO
DE SAINT-PIERRE N° 245, septembre 2012
Les talus à Saint-Pierre
Dans la campagne à
Saint-Pierre, comme dans toute la Bretagne, on trouvait avant 1940 des
kilomètres et des kilomètres de talus limitant les parcelles dont
certaines n’excédaient pas 20 ares.
Récupération du bois
Sur les talus, les souches de chênes abondaient. Selon le droit
rural, il était précisé que la coupe du bois n’était autorisée que tous
les neuf ans et tout arbre abattu devait être remplacé.
Après la coupe, tout était récupéré : les gros morceaux mis en
stères et le reste en fagots. C’était tout un art pour assembler les
petites branches ; une des difficultés était de trouver les liens (les
scodous) : le plus souvent, on utilisait des repousses d’orme et
de chênes pour leur finesse et leur souplesse. Les meilleurs fagoteurs
arrivaient à faire près de cent fagots dans la journée.
Le gros bois servait pour le chauffage. Sur un bail notarié, le
locataire du manoir de Kerivin Vao devait fournir annuellement 7 cordes
de bois (21 stères) ; ces dernières étaient livrées sur le quai de
Recouvrance pour y être embarquées en direction de Roscanvel, où
résidait le propriétaire.
Les fagots de bois étaient très recherchés par les boulangers car les fours fonctionnaient presque tous au bois à cette époque.
Dans les taillis, le saule et l’orme abondaient, et le bois poussait
droit. On y trouvait les manches d’outils (pelle, fourche, faux, etc) ;
le houx était réservé aux manches de marteaux ou de masses.
Entretien des talus
Les talus nécessitaient chaque année une remise en état. Pour ce
faire, on coupait les broussailles (le gouzar) à la faucille.
Celles-ci, bien séchées, servaient de couverture au tas de betteraves
pendant l’hiver, pour les protéger du gel. Il fallait aussi remonter la
terre de chaque côté. Le propriétaire était autorisé à prélever 2
largeurs de bêche dans le champ du voisin.
Au lieu du chêne on trouvait parfois de la lande ; coupée et
broyée, elle servait à l’alimentation des chevaux qui en étaient très
friands.
Pendant la seconde guerre, beaucoup de talus ont été arasés devant les
fortifications allemandes pour une question de visibilité.
Le remembrement
La venue des tracteurs, du gros matériel et le remembrement ont
préconisé l’agrandissement des parcelles. On peut voir actuellement des
champs de 7 à 8 hectares d’un seul tenant.
Le bien est parfois l’ennemi du mal. On s’aperçoit de plus en plus des
méfaits de ces travaux qui ont causé la disparition partielle de la
faune et de la flore. Le talus disparu, plus de bois de
chauffage, plus de refuge pour les oiseaux et plus d’abri du vent pour
nombre d’animaux. Les eaux de pluie ne sont plus retenues et dévalent
très vite en terrain accidenté, provoquant parfois des
inondations ; c’est tout un écosystème qui disparaît.
Certains ont voulu y remédier en plantant quelques haies ; c’est bien, mais il en faudrait davantage.
Actuellement on peut encore trouver quelques vieux chênes plus que
centenaires sur les talus à Baradozic, route de Kerdalaes, rue
Casablanca, à Traon Bihan, à Penmesmadec, dans la rue de Kerzudal
ou encore derrière le Débit Vert. Tâchons de les conserver pour les
générations futures.
Jean Pochart
Des chênes sur le talus, à Kerzudal
Des chênes sur le talus, à Kerdalaes
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