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ECHO
DE SAINT-PIERRE N° 246, octobre 2012
Maraîchage à Laninon
Bien
avant 1776, les terres de la métairie de Laninon avaient été dispersées
en plusieurs lots. Les nouveaux propriétaires avaient aménagé des
jardins potagers, entourés de murs pour la culture de fruits et légumes
primeurs pour alimenter les marchés et les habitants de Recouvrance,
toujours plus nombreux. Ces terres, bien abritées et bien orientées,
étaient très fertiles pour ce genre de culture. Ces jardins étaient
entourés de murs en pierres qui accumulaient la chaleur le jour et la
restituaient la nuit. C’était cette chaleur supplémentaire qui
permettait aux maraîchers de Laninon de disposer de primeurs avant la
concurrence.
Au 19ème siècle une maison d’habitation avec un jardin potager de moins
d’un hectare était loué 150 livres à Laninon, alors qu’à la même époque
une ferme de plus de 10 hectares à Saint-Pierre Quibignon était louée,
300 livres.
Voici ce que l’on pouvait lire dans des actes de location des terres à Laninon :
Pour la location de Parc Queryer Varkaës : « se
trouvent sept pêchers, quatre vignes, et cent vingt arbres tant
poiriers, pruniers, fraisiers, figuiers en buisson et espaliers, un
plant de groseillier, un plant de myrtilles, et trente six plants de
peuplier, et dans celles du dit XX et femme, pareille quantité et
d’arbres et plants des quels objets seront entretenus en bon état et
replantés judicieusement qu’ils reprendront à la saison
convenable ».
Pour la location de Parc an ours: « Entretenir en bon état
la haie d’épiniers qui entoure la ferme sans brèche. Rendre à la fin du
bail, les 46 peupliers et 14 ormes appartenant au bailleur, que les
preneurs ne pourront émonder. Prêt au fermier de l’auge de pierre pour
le service du puits, et les barres de la crèches, à rendre en bon état
à la fin du bail. Il existe dans le jardin 200 poiriers de plus de 6
ans, 60 pommiers tant en buisson qu’en plein vent, 5 figuiers, 3
vignes, 146 plants tant de groseilliers, de cassissiers, 20 plants
d’osiers. Les poiriers sont greffés ou écussonnés, les autres arbres
sont sauvageons. Les preneurs s’obligent à les rendre en même nombre et
même qualité. »
Pour la terre de Laninon vras : « Les arbres fruitiers qui
devront exister à la fin de ce bail seront toujours au nombre de quatre
cents, vifs bons fruits, l’on ne passera au Robert que ceux des arbres
qui auront moins de six ans ».
Ces rangées d’arbres fruitiers formaient des carrés ou plates bandes,
dans lesquels les maraîchers cultivaient les légumes primeurs. Les
terres étaient amendées avec le goémon recueilli sur la grève que les
maraîchers allaient chercher à la force des bras avec des civières.
Cette culture maraîchère s’est poursuivie à Laninon jusqu’aux années 1970 – 1980, sans interruption.
Alain Cloarec
Photos ci-dessous : un verger et les murs de la résidence des terrasses, vestiges des jardins maraîchers de Laninon
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