Mémoire de Saint-Pierre nous
décrit une balade que le groupe a faite, mené par François Kergonou qui
connaît bien le coin. Les numéros sur la carte correspondent aux lieux
dits cités.
Départ Place Quilbignon (1)
Au début du 19ème siècle, avant la construction de la nouvelle mairie
en 1865, il n’y avait que trois maisons et quelques douets dans
ce lieu : la maison de la famille Pérès, la prison de la commune,
les lavoirs et la maison à buée (où l'on faisait bouillir le linge).
Les murs de soutien, autour du "champ de bataille" n’existaient pas.
Dans le haut de la place nous avons vu où était l’accès de l’abri
sous l'église qui a protégé beaucoup de nos concitoyens durant la
guerre 39-45.
Porsmeur Loperhet (2)
En 1809 Yves et François Lullien avaient pris en location le lieu de
Loperhet en Quilbignon à Jean Caillaux négociant à Brest. Le bail avait
été renouvelé en 1818 sous cette désignation. François Lullien fut
maire de Saint-Pierre à trois reprises entre 1816 et 1836.
Mais où se trouvait donc Loperhet ?
Ce lieu était situé à Porsmeur, en bordure du chemin de C’hatpom
« quatre pompes ». Auprès de ce manoir était édifiée une
chapelle dédiée à Sainte Brigitte.
Loperhet était en fait le nom de ce très ancien manoir qui disposait au
temps de sa splendeur d’une chapelle domestique. Les seigneurs du lieu
l’avaient déserté depuis longtemps, le domaine a été transformé en
ferme. Le plan cadastral de 1834 positionne le manoir et la chapelle
sur les parcelles 694 et 695 de la section C.
Le nom Loperhet est composé de Log ou Loc « ermitage »,
et Berhet qui est une variante graphique du prénom Berc’hed
(Brigitte en français). C’est le nom d’une déesse païenne devenue
sainte, bien connue en Irlande.
Nous nous sommes rendus ensuite par le chemin qui donne sur la rue des
4 Pompes en face de la rue Auguste Comte, au lavoir du lieu où une
fontaine est aménagée. La chapelle fut démolie vers 1922-1924. Les
pierres furent vendues à des particuliers, un entourage de porte fut
transporté à Traon Bian et d’autres pierres à Kernabat pour la
reconstruction d’un pan de mur qui s’était écroulé.
La croix du clocheton a été montée au-dessus de la fontaine du lavoir.
François nous a ensuite commenté les vertus de l’arbre de houx
situé près de la fontaine. On l’appelait l’arbre de la fécondité. Le
soir venu, ces lieux attiraient beaucoup de femmes stériles, et soit le
pouvoir divin ou la magie, faisait naître parfois un petit Breton de
plus parmi nous.
Le Lapin Blanc (3)
François Kergonou nous a précisé où se trouvait le débit de boisson
« Le Lapin Blanc » (3) avec sa terrasse, sa tonnelle et son
jeu de boules. Cet établissement, qui se trouvait sur le chemin pour
aller et revenir de Sainte Anne du Portzic, était celui où
les estivants d’une journée s’arrêtaient pour se désaltérer.
L’établissement fut anéanti lors d'un bombardement le 11 août 1944.
Plus sur la droite se trouvait la cour des miracles appelée ainsi car
de nombreuses familles y résidaient, ayant beaucoup d’enfants du
même âge, l’animation était permanente.
Kernabat (4) = lieu d’habitation de l’abbé
Le Cruguel (5) (butte en français)
De ce lieu de sépulture préhistorique où il y a dû avoir un dolmen, il
ne reste aucun vestige. En entrant dans ce que furent les chantiers
Levaux, on aperçoit sur la gauche les murs de clôture de la propriété
« Kériette » nom composé de Ker lieu habité et de Yette
diminutif d’Henriette, prénom de l’épouse du propriétaire.
Suite de la balade parue dans l'Echo n° 248 de décembre 2012 :
Dans le dernier numéro de l'Écho, nous avons décrit le dédut
d'une randonnée faite par le groupe Mémoire de Saint-Pierre, voici la
suite.
Le Hildy (6)
En traversant, le nouveau lotissement, nous avons atteint la ferme du
Hildy, près de laquelle il y avait autrefois un magnifique puits,
disparu pour l’élargissement du chemin qui rejoint la route de la
Maison Blanche en contrebas.
La Maison Blanche (7) (Porshouarnec)
Pour rejoindre la Maison Blanche, autrefois dénommée "Pontouarnec" nous
avons traversé le chantier où se construit la nouvelle station
d’épuration, pour le traitement des eaux usées de Saint-Pierre et
Plouzané. Sur les hauteurs du lieu dit "Ar Coat" existaient une ferme,
des pépinières et une grande maison occupée par Monsieur Lacoste,
ingénieur du Génie Maritime à l’arsenal, qui disposait d’une calèche.
Au début du 20ème siècle dans le village du bord de mer on comptait
trois groupes de maisons : côté ouest, 4 à 5 maisons ; au
centre et parallèles au rivage, des commerces et deux auberges ; à
l'est, un four à chaux et, l’un n’empêche pas l’autre, un débit de
tabac, au pied des escaliers instables qui descendaient de la corniche.
On pouvait accéder à ce village, soit depuis le Hildy, ou depuis le
Cosquer par Lanhouarnec et Kerriou, ou par un sentier côtier depuis la
grève des " 4 pompes ".
Une belle route et des jardins paysagers ont été aménagés entre ces
deux lieux, d’où on peut admirer la rade. En bordure de cette route et
appuyée à la falaise était construite une maison qui a brûlé lors de
l’explosion et l’incendie des cuves à mazout le 18 juin 1940. Les
propriétaires, Mr et Mme Marblé, y laissèrent leur vie dans
l’incendie. Malentendants, ils n’avaient pas entendu l’ordre
d’évacuation. La couleur rouge des ruines atteste de l’intensité du feu.
En cet endroit de Pontouarrnec existait au début du 19 ième
siècle un moulin dépendant du Lanhouarnec (Lann terrain, domaine
et Houarneau, nom de Houarneg, possible variante de de Hervé). Le nom
de Pontouarneau est composé pont qui formait un étang dont les eaux
alimentaient le moulin et ouarneau (Hervé).
Les Quatre Pompes (8)
Ainsi nommé parce qu’il y avait dans la partie basse de cette vallée un
réservoir pour collecter les eaux venant de toutes les sources
placées le long de la vallée depuis le bourg de Saint-Pierre. Ces eaux
circulaient dans un aqueduc en pierres de construction très ancienne
dont il y a tout lieu de penser que les vestiges existent encore dans
les anciennes prairies. L’eau potable ainsi recueillie permettait
d’alimenter les bâtiments de la Flotte de L’Escadre par les circuits
des 4 Pompes.
Au milieu du 19ème siècle, une entreprise y a monté des ateliers
de mécanique, nommée "le petit creuzot". Entre les deux guerres, la
Marine récupère les locaux pour stocker du matériel et des munitions.
Le 18 juin 1940, le gardien des locaux, Jean Lescop, attendait
l'arrivée des allemands l’arme au pied, mais il n’eut pas à s’en servir
car il fut brûlé vif par l’incendie des cuves à mazout placées
au-dessus de lui.
La salette(9)
En remontant la route des 4 Pompes, nous avons vu l’emplacement où se
trouvait la chapelle dit de la Salette construite par la paroisse
dans la seconde partie du 19ème siècle par l’abbé Guennegan. Un bar
portant le nom de la Salette perpétue le souvenir.
Baradozic _ Kerdalaës (10)
Nous avons quitté la route des 4 pompes pour prendre la direction de
Kerdalaës, situé comme son nom l’indique sur le sommet de la
colline. L’entrée du parc à mazout que nous avons déjà visité se fait
par le chemin de Kerdalaës. Le nom de Kerdalaës est composé de Ker
"lieu" habité et de Laez "haut". Dans la partie basse de ce chemin
existaient trois lavoirs ou douets, on peut encore apercevoir l’un
d’eux en parfait état dans un jardin privé.
A mi-hauteur, bifurcation à droite en direction du Baradoz "paradis" où
nous avons rencontré Jean Vautrin qui y habite depuis longtemps et qui
a donc eu la chance de vivre le paradis sur terre. Au paradis il est
remarquable de constater le chemin tortueux, dont le tracé a permis de
maintenir en vie ces chênes plus que centenaires bordant la parcelle de
Louis Toby.
Depuis le versant de Kerdalaës, nous avons pu observer
l’emplacement du chemin permettant de rejoindre le Barulu à
Kernein et la chapelle de la Salette et même le lieu "belle vue" où a
été construite l’École Navale en 1935.
Barullu(11)
Laissant la propriété Kériette derrière nous, nous sommes
redescendus vers le Barullu Izella, qu’il ne faut pas confondre avec le
Barullu Huella et le douet du même nom.
Nous avons terminé cette randonnée en espérant voir un jour ce lieu aménagé en jardin d’agrément, avec un sentier.
A. Cloarec