en arrière plan : début de l'urbanisation de la Cavale Blanche
Dans
les années 50, l'évolution de nouvelles techniques, la
réglementation, la mécanisation, les nouvelles méthodes d'élevage et de
sélection vont changer en profondeur le visage de l'agriculture.
La réglementation sanitaire
En
1952, la direction départementale de l'agriculture propose une patente
aux livreurs de lait cru qui font un effort pour améliorer la qualité
de leurs produits et respectent les règlements sanitaires. Pour la
propreté : étables et fumières bétonnées, fosses pour récolter les
purins. Les troupeaux doivent être indemnes de tuberculose. Les
animaux sont identifiés par une boucle à l'oreille, les étables doivent
être blanchies avec des insecticides contre les mouches. Les éleveurs
devront recevoir au printemps les préposés mandatés, pour la lutte
contre la maladie des varrons (mouches). Le vétérinaire passe
régulièrement quand une nouvelle vache rentre dans le troupeau, pour
faire un test afin de vérifier l'absence de tuberculose. Les
animaux atteints sont abattus.
Premières évolutions
Les années 52 et 53 marquent un tournant dans les
pratiques des agriculteurs. L'importation des premières vaches
hollandaises « frisonnes » et le début de l'insémination artificielle
amènent, en 10 ans, la disparition de la vache armoricaine. La
production de lait par vache augmente d'un tiers et passe de 2000 à
3000 litres.
En 1954, plusieurs élevages s'équipent de machines à traire. Les
clôtures électriques ont déjà fait leur apparition. Les laitières
livrent tout ce qui peut être produit sur l'exploitation : légumes
divers, fruits et fleurs de saison. Ces productions diverses
dépendent surtout du nombre de travailleurs familiaux : jeunes
célibataires ou salariés, très fréquents chez les livreurs de lait.
La mutation s'accélère
La coopérative laitière brestoise, récemment créée,
passe tous les jours dans les quartiers, pour récolter le lait des
producteurs ne livrant pas à la ville et les excédents des producteurs
livrant en ville.
La majorité des agriculteurs sont adhérents au
syndicat communal. Lors de l'assemblée générale, des causeries sont
organisées pour parler des cultures et des nouvelles variétés en
élevage. Un lait artificiel pour élever les veaux apparaît. Les
premières expériences ont eu des résultats mitigés, les bouchers
achetaient difficilement les veaux élevés de cette façon.
En 1958, un arrêté préfectoral interdit la livraison
de lait qui n'a pas été refroidi à 4 degrés. Sous quelques mois
les producteurs s'équiperont de bacs refroidisseurs pouvant refroidir
4, 6 ou 8 bidons de 20 litres de lait.
Les agriculteurs font appel à des entrepreneurs pour
faire les labours et les épandages de fumier en diminuant les
attelages. Ils réservent de la nourriture pour des vaches
supplémentaires et se libèrent de travaux pénibles. Quelques
exploitations se sont équipées de tracteurs et ont supprimé la
traction animale.
En 1965 pratiquement toutes les exploitations ont un tracteur ; il n'y a plus de traction animale.
Le suivi de quelques élevages par le contrôle laitier amène les
agriculteurs à améliorer leurs pratiques. Avec l'aide de la chambre
d'agriculture, des groupes de vulgarisation se constituent ; les
progrès sont rapides. La quantité de lait par vache augmente en moyenne
de 100 litres par an, et on constate une vache en plus par troupeau.
Les agriculteurs sont encouragés à agrandir leurs troupeaux, à
construire de nouvelles étables. Les laiteries posent des citernes
réfrigérantes pour collecter le lait en vrac. Certaines coopératives
arrêtent de collecter les petits producteurs et imposent à leurs
adhérents la livraison de toute leur production. Quelques producteurs,
livrant à une entreprise privée continueront à approvisionner les
commerces et les particuliers jusqu'à leur retraite ou jusqu’à la
disparition de leur exploitation par l'urbanisation.