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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 260, février 2014



La vie quotidienne pendant l'occupation

Souvenirs personnels des années 1943 – 1944. Je voudrais évoquer, avec vous bien sûr, quelques souvenirs de ces années dites d'occupation. iI y avait de sévères restrictions en tous genres. A cette époque, j'étais "ado", mais il m'en reste quelque chose.




Quoi manger ?


Tout d'abord cette obligation de survie, d'où les longues queues sur le trottoir, dès qu'une annonce de ravitaillement était faite. Il fallait beaucoup de patience, et surtout maîtriser sa déception quand la commerçante annonçait "c'est fini, il n'y en a plus". En échange des tickets d'alimentation, distribués par la mairie (25 grammes de ceci ou de cela), on recevait un peu de matières grasses, ou de viande, ou de pain (quelle horreur), vin ou tabac. Il en était de même pour le textile, les chaussures.
Pour le café ? J'ai vu ma mère griller de l'orge pour en faire un minable breuvage, car les précieux grains se comptaient.  On les réservait peut-être pour une occasion exceptionnelle.





Comment s'habiller ? se laver ?

Mais en même temps, miracle de la débrouillardise, les femmes s'arrangeaient pour survivre. J'ai le souvenir des chaussons que l'on taillait dans de vielles couvertures, ou le pardessus du grand père. Et  la laine pensez-vous ? Et bien on détricotait les pulls pour en faire des neufs ; puis quand la laine était très usée on en mettait ensemble 2 différentes. Le petit dernier des enfants avait un pull neuf.
Mais le comble était la confection du savon  ! Il se faisait dans une bassine sur le feu, avec de la soude, et de la vieille graisse récupérée chez le boucher ; ça dégageait une de ses odeurs ! Heureusement que nous avions un jardin ; tout cela se faisait en plein air.


Solidarité

Je voudrais aussi souligner la solidarité. Dans la bonne humeur qui régnait le dimanche et les jours de congé, tout au moins chez nous,  Il fallait voir les "jardiniers" à l'œuvre ; certains n'avaient jamais manié la bêche, mais qu'ils étaient heureux de récolter leurs pommes de terre et leurs poireaux. Pour la famille c'était de l'or !
Bravo aux parents qui ont su , ou qui ont pu gérer ces immenses difficultés.
Et pour finir un petit clin d'œil aux filles qui avaient de 16 à 18 ans en 1945 : elles n'étaient pas en surpoids, aucun problème de graisse à signaler !

Yvette Chapalin





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