ECHO DE ST-PIERRE N° 30 MARS 1991


L'EGLISE DE SAINT-PIERRE QUILBIGNON (I)
D'après les archives de Michel FLOCH, historien de St-Pierre 1890/1967

Depuis les temps les plus reculés, il existait sur notre butte de Quilbignon, une église, chapelle ou ermitage, dépendant sans doute, d'un "Plou" plus important... Aucun document ne nous permet de préciser, pour le moment, depuis quelle date, ni dans quelles conditions, naquit la vie religieuse de notre antique "Kerber".
Nous savons seulement, mais avec certitude, qu'en 1383, une église fut édifiée en Quilbignon. Etait-ce la première église paroissiale ou remplaça-t-elle une plus ancienne ? Nous le saurons peut être un jour, en dénichant quelque vieux document... ou en démolissant quelque vieux mur.
Ce sont les circonstances ! C'est ainsi qu'en Juillet 1949, en déposant la voûte en bois de l'église sinistrée par la guerre, les ouvriers, attelés à cette tâche, découvrirent dans le soubassement du clocher, au dessus de la tribune, une vieille pierre renversée, en granit de Logonna, portant entre deux croix la date de 1659. Celle ci ne pouvait provenir que de l'ancienne église car de nombreuses pierres de même origine (Logonna) furent utilisées pour construire l'église actuelle (1856). On les retrouve, plus spécialement, à l'intérieur de l'édifice... Notre pierre datée se trouve, une fois de plus, masquée en grande partie par la voûte actuelle, au dessus de la tribune, côté Nord. Nous pourrions peut être la rendre plus apparente.
Elle était toute petite cette église de 1659... A peu prés le tiers de l'église actuelle. Mais le clocher, au dire des témoins oculaires aujourd'hui décédés (causerie de 1950) était à peine plus petit que celui que nous avons connu avant-guerre et qui avait sensiblement la même proportion que celui d'aujourd'hui.
Aucun dessin ou tableau, ne nous permet actuellement, de reproduire notre ancienne église avec exactitude. Seules quelques délibérations de la Fabrique (1) ou de la municipalité nous donnent certains détails sur son aménagement intérieur et du cadre qui l'entourait.
Elle était, suppose-t-on, du même style que l'église de Guilers, entourée tout comme elle d'un cimetière. Toiture basse, clocher élancé. Un porche se situait, au bas de l'église, côté sud (côté presbytère).
Un ossuaire existait même au moment de la Révolution. A ce propos une anecdote... Le 16 Floréal de l'an 3 (5 mai 1794), le conseil municipal. assisté de Kerdoncuff, agent national, rendait un jugement pour statuer sur le sort de 2 citoyens qui avaient cru bon d'arracher et de jeter à terre, le support de la pierre du reliquaire en table d'hôtel (sic). Il condamnait les intéressés à remettre la pierre en place dans les 24 heurs !
Le reliquaire devait se trouver aux environs de l'actuelle sacristie. Des ossements, découverts au cours des travaux, en 1932, le laisseraient supposer. D'autres ossements ont été découverts sous le maître-autel lors de la
reconstruction de l'église en 1949/1950. Cet autel, en effet, est situé au dessus de la partie est du cimetière, avant l'agrandissement de l'église en 1856.
La position du reliquaire gênait le passage. Celui-ci fut abattu et les pierres "sur lesquelles ne figurait aucune ornementation" entrèrent dans la construction de l'édifice actuel.
L'ancienne église, celle de 1659, était entourée, nous l'avons vu, de son ossuaire et de son cimetière... De nombreux arbres s'étendaient, à l'Est, jusqu'à la cour de l'actuelle maison de quartier. Ce paysage se prolongeait vers le Sud, jusqu'au vieux presbytère et au-delà pour atteindre l'entrée actuelle du patronage.
Mais ces arbres donnaient de l'humidité au presbytère et à la nouvelle église élargie. Certains furent abattus. En 1865, on construisit un mur de clôture autour de l'ancien presbytère (200F). Avant 1840, celui-ci était signalé "tombant en ruine". En 1862 cependant, plan et devis furent établis pour sa reconstruction. Ce n'est qu'en 1874 que le presbytère actuel fut édifié par Mr EVENAS entrepreneur à Saint-Pierre. Le recteur de l'époque était Mr l'abbé Jean-Marie BLOAS, ancien recteur de Kerlouan, nommé à Saint-Pierre la 24 août 1870... Pourquoi vous le signaler ? C'est lui, en effet, qui est à l'origine du projet de construction de la chapelle Notre Dame de Lourdes, la chapelle actuelle, dont l'utilité a toujours été assez réduite pour être contestée, ne serait-ce que par son emplacement sur le parvis de sa grande soeur.

F.Kergonou

(1) équipe paroissiale chargée de l'administration des biens de l'église.



*************************************
ECHO DE ST-PIERRE N° 31 - avril 1991

L'EGLISE DE SAINT-PIERRE QUILBIGNON (II)
d'après les archives de Michel Floch, historien de St Pierre 1890/1967

Dès 1840, pour une population de 4000 âmes, notre vieille église devenait trop petite; pour gagner en espace, il fut décidé de déplacer les fonds baptismaux. Ceux-ci furent transportés dans le porche sud, dont l'entrée se trouva condamnée. Un aménagement fut cependant nécessaire. Ce fut l'oeuvre de Michel Le Bras, maître menuisier à Recouvrance. Ce travail, exécuté en 1844, comportait le lambrissage de la voûte ainsi que différents décors dans le porche... Deux tribunes furent également construites au fond de l'église, ainsi que les escaliers d'accès correspondants. Pour compter ces transformations, on y ajouta un "tambour" servant à masquer les poids de l'horloge. Ceci faisait suite à la délibération municipale du 13 août 1843. Il en coûta 1200 francs...

Tout n'était pas réglé pour autant. Voici qu'en 1851, la paroisse approche maintenant des 5000 fidèles. Or, l'église ne peut accueillir plus de 1100 personnes. Un grand nombre de celle-ci ne peut donc trouver place à l'intérieur. Vous jugerez tout de suite que ce n'est pas là qu'un moindre mal, car "les gens qui peuvent y entrer s'exposent à se trouver malades, et à être écrasés par la foule".. Voyez, chers amis Quilbignonnais, comme les temps ont changé !... Plus de risques aujourd'hui de ce côté-là ! ...

Rassurez-vous cependant. Certains pouvaient s'asseoir, peu nombreux, il est vrai. En effet, un règlement du 2 décembre 1849, mis en application le 1er janvier 1850, stipule qu'il devra y avoir, en permanence, dans l'église, 80 chaises fournies aux frais de la fabrique. Faites la différence, peu d'élus à la pause repos !...

Accéder à l'église, et avoir le privilège d'une chaise, est déjà une chance où certains excellent sans doute. Ce n'est pas gratuit pour autant, et nos aïeux sont invités à ouvrir leur porte-monnaie pour payer cet avantage aux yeux de la société, sinon à l'égard de Dieu. Il en coûte 5 centimes (1 sou) pour la grand messe, les vêpres avec sermon, ainsi que pour les enterrements de 1ère et 2ème classe. Pour les messes basses du dimanche et autres cérémonies, l'affaire étaient meilleure. Il n'était perçu que 2 liards (1/2 sou). Mais attention ! Nul ne pourra fournir sa chaise... Tout particulier qui enfreindra ce règlement sera tenu, quand même, d'en acquitter la location et de reprendre son bien après l'office. Une petite mention, toutefois, pour les membres du conseil de Fabrique. Ceux-ci ont droit à une place dans le choeur ou, à défaut, à une chaise. Pour compléter l'équipement, des bancs furent disposés dans les tribunes. Il était même possible de contacter un abonnement pour leur utilisation. Le modernisme commençait déjà à faire son chemin... Pour finir, il est peut-être bon de parler un peu des cloches. Après la célébration d'un mariage, une sonnerie de celle-ci, à la volée, se paiera à raison de 1 franc pour la paroisse, et de 50 centimes pour notre bedeau...

Malgré cette vie trépidante, et peut-être à cause de celle-ci, notre vieille église continuait à donner des signes inquiétants de vieillissement.

Les outrages du temps devenaient de plus en plus apparents ... L'intérieur était tout vermoulu... Déjà en 1835, puis en 1842, les travaux de rejointoiement avaient été effectués à l'intérieur. Il fut même nécessaire de réparer quelques portions du jubé (1) "qui est étançonné (2) depuis longtemps". On y ajouta le lambrissage de la chaire à prêcher afin de faire un meilleur écho à la parole du Seigneur.

Mais il y avait toujours à faire ! Dans le clocher branlant, la plus petite des cloches est fendue. Une fêlure de 27 centimètres rend sa refonte indispensable, d'autant plus que les ferrures sont oxydées, et que le bois est en mauvais état. Aussi le conseil décida-t-il de restaurer cette "pièce de la sonnerie". Ce fut l'oeuvre de M. Viel, fondeur à BREST, dont les ateliers se situaient dans ce qui est actuellement la rue Yves Collet, entre le cimetière et la rue Saint-Marc. Pour votre information, c'est cette même cloche qui fut envoyée vers 1907/1908 à Kerbonne, quand on a converti l'un des anciens magasins de la corderie Kerros en chapelle de secours. Le clocheton reçut donc Jeanne-Françoise, tel était le prénom de notre cloche, M. J.R. de Rodellec du Portzic étant maire de Saint-Pierre à l'époque.

Mais revenons en arrière... L'année 1848 ne fut pas seulement l'événement d'une Révolution. Pour le chant populaire, vous le savez, de fut aussi la naissance d'une chanson que vous fredonnez sans doute quelquefois, surtout à l'approche des beaux jours, "Le temps des cerises". Eh bien ! ... Pour notre paroisse, en plus, ce fut l'achat d'une bannière double évoquant et invoquant son Saint Patron. Le fournisseur en était M. Lappierre, marchand d'ornements à Brest. Le prix payé pour cette noble acquisition fut de 250 francs. La qualité était sûrement excellente, car cette bannière est encore de nos jours, toujours présente et souvent exposée aux regards, dans le choeur. Coïncidant avec son centenaire, elle fut toutefois restaurée en 1949... Il en va ainsi de la conservation d'un patrimoine qui nous est cher à tous.

C'est en 1847 que le cimetière actuel entra en service. Il était temps car celui existant autour de l'église était devenu trop petit par rapport à la population grandissante, et de fait, à la proportion des décès. Le nouveau cimetière, nos anciens l'appelaient le "Champ Bothorel", appellation copiée pense-t-on sur l'origine du cimetière actuel de Recouvrance. Aller au Champ Bothorel était donc une forme imagée pour désigner ce lieu et s'y rendre.

Le recteur de l'époque était M. Milin. Il donna sa démission à l'âge de 69 ans et se retira à Saint-Pol-de-Léon où il devait décéder le 27 avril 1853. Selon sa volonté, il fut inhumé au pied de la croix du cimetière neuf où ses restes reposent toujours.

C'est avec l'arrivée de son successeur, l'Abbé Louis Gabriel Mengant, originaire de Plouzané et vicaire à Saint-Louis de Brest, que va commercer l'histoire de notre église actuelle.

F. Kergonou.


(1) Jubé : galerie particulièrement ornée séparant le choeur de la nef.
(2) Etançonné : soutenu par une grosse pièce de bois, légèrement inclinée.

**********************************************
ECHO DE ST-PIERRE N° 35 SEPTEMBRE 1998


L'EGLISE DE SAINT-PIERRE QUILBIGNON. (III)


C'était au siècle dernier, vers 1 850... la population de Saint Pierre s'accroît rapidement. La petite église, vieille et, fatiguée, ne peut plus contenir tout ce monde. Une décision s'impose...
D'après les archives de Michel FLOCH, historien de St-Pierre 1890/ 1967.


Cette décision la voici... le 11 mai 1851 , le Conseil Municipal, tout en reconnaissant "le grand délabrement de l'église et son exiguité", déclare ne pouvoir disposer des ressources nécessaires... Une année se passe... Puis le 18 avril 1852, le recteur revient la charge en exposant à nouveau les motifs évoqués il y a un an. le conseil Municipal reconnaît l'urgence d'une reconstruction de l'édifice. Le clocher, surtout, menace ruine. Monsieur le Maire s'adresse au Conseil Paroissial pour faire établir un plan de réédification de l'église, avec devis correspondants.
Le temps passe....
En janvier 1853, le clocher est lézardé et le mur du côté Nord a perdu son aplomb. le 8 mai suivant, l'évêque autorise l'étude d'une nouvelle église "pour remédier à l'exiguïté des lieux et au péril d'un vieil édifice qui est dans un état menaçant ".
Le 24 mai 1 853, un projet de reconstruction, dressé par l'architecte de l'arrondissement, est soumis à l'approbation du conseil municipal. Voyez qu'il y avait une certaine continuité, même à cette époque... les plans sont jugés convenables mais, éternel dilemme, les contribuables sont déjà surchargés d'impôts. Les finances communales sont dans un état précaire. La commission d'étude propose donc d'ajourner le projet... '
Pour ce faire, il n'est pas inutile de jeter un regard sur l'état de notre commune, il y a 138 ans, puisque le sort de l'église y est intimement lié.
Au recensement de 1832 on comptait 2967 habitants. C'était surtout une population rurale répartie sur l'ensemble du territoire de la commune. le bourg de Saint Pierre, au 24 septembre 1832, ne se compose que de "4 à 5 maisons" pour une population de 25 à 30 personnes. Mais de 1832 à 1852 la population s'est étoffée. l'on dénombre maintenant 4188 habitants. Sur 931 chefs de famille on ne trouve cependant que 356 assujettis a la cote mobilière, le restant étant plus ou moins considéré tomme indigents. Mais parlant des 356 contribuables, le rapporteur fait remarquer que ce sont tous! ou presque des cultivateurs, qui pour se loger, s'entassent dans des chaumières fumeuses, sans air ni clarté. Comment imposer a ces braves travailleurs un sacrifice supplémentaire ! ... Voici donc les conditions de vie et de ressources dans lesquelles le jeune recteur de Sain~Pierre, il y a 47 ans, va se débattre pour tenter de réédifier son église vermoulue, trop petite et menaçant ruine. la population, quant à elle, continue de s'accroître...
Le 12 juin 1854, Mr Bigot, architecte du département , dresse de nouveaux plans et devis. Prévues pour, 33000F, les dépenses peuvent être ramenées à 29 000 F, en simplifiant le projet. La somme disponible dans la caisse de la commune est de 8000F, la souscription paroissiale apporte également 8 000 F, l'avance de Mr le recteur est de 10000F. Voici donc 26000F réunis... L'adjudication des travaux fut fixée au 2 décembre 1854. Mr le Dot Guillaume entrepreneur à St-Renan, en concurrence avec 3 autres confrères Lambézellec, Guipavas et Lannilis consentit un rabais de 10% sur le devis et ramena celui-ci à 25 808 F. Les travaux commencèrent alors rapidement. Mais il semble que le clocher n'ait pas été inclus dans ce devis! Bien des tribulations et un nouveau devis estimatif furent nécessaires. De complications en travaux:, les finances ne suivent pas. II fallut vendre des arbres entourant l'église, ce qui ne fut d'ailleurs pas un mal car certains de ceux-ci, vestiges de l'ancien bois, nuisaient au nouvel édifice.
Pour trouver des ressources supplémentaires, Mr Menant ( 1 j notre opiniâtre et vaillant recteur, sollicite de M, le Préfet, l'autorisation d'organiser une loterie... les lots consistaient en objets mobiliers et utilitaires... dont une charrue une chasuble en velours grenat, un fusil, j'en passe. Ces lots étaient exposés à l'école des filles. Le succès dépassa toutes les espérances. Plus de 6000 billets, à 1 F l'unité, furent vendus. En net, l'opération rapporta 4 936 F. II y eut 157 gagnants, mais 28 Quilbignonnais seulement furent favorisés par le sort. Les autres lots s'en allèrent vers Kersaint, Plouescat, Guissény, Landerneau, le Conquet, Camaret.... et jusqu'à Locronan. Tout le diocèse fut intéressé à cette loterie. J'oubliais de vous dire que le premier de ces lots fut gagné par le numéro 2625.
C'était une coupe et une cuillère en vermeil enfermées dans un bel écrin, don de l'impératrice Eugénie.


1) l'église ayant fait toilette, son nom est maintenant visible au-dessus de la porte nord (face à la pharmacie)

************************************

ECHO DE ST-PIERRE N° 36 OCTOBRE 1991

L'EGLISE DE SAINT-PIERRE-QUILBIGNON (lV)
D'après les archives de Michel Floch, historien de St-Pierre 1890/1967


A ce propos une anecdote qui n'a rien à voir avec l'église... En août 1858, Napoléon III et l'impératrice viennent visiter notre ville de Brest et sa rade. Ils débarquèrent, le 11, à la batterie de Sept. Les blanchisseuses jonchèrent de fougères et de bruyères le chemin dur et rocailleux qui conduit au fort du Portzic. L'empereur, l'impératrice et leur cortège venaient se rendre compte des travaux qu'on y exécutait.
Et notre église dans tout cela ? Un petit pas en arrière... Au mois de juillet 1856 elle était terminée. Ouf ! trois devis successifs avaient été nécessaire du fait de l'importance des travaux et de l'imprévu de ceux-ci.
De 25 000 F au départ, la dépense totale s'élevait à 52 000 F..
La pierre pinacle et la croix furent placées sur le clocher le 17 octobre suivant. Les 3 cloches, quant à elles, trouvèrent leur place le 12 décembre de cette même année 1856. Tous les travaux avaient été terminés sans qu'il y eut d'accident grave à déplorer.
Les paroissiens avaient déjà donné largement par rapport à leurs modestes ressources. II leur faudra encore payer de leur personne pour l'enlèvement des terres, le nivellement du terrain, l'écoulement des eaux.
Déclaré d'extrême urgence dans l'intérêt de la conservation de l'église, le mur de clôture était encore à taire... Mais il faudra attendre 10 ans (fin 1866) pour que le mur de soutènement et le mur d'enceinte soient restaurés ou construits. Ce furent 2 entrepreneurs de St-Pierre qui effectuèrent ces travaux pour la somme de
3 000 F (novembre 1866). Les pierres de taille qui recouvrent ces murs sont en granit de Plouvien.
Elles viennent d'être replacées lors des récents travaux d'embellissement.
Mr Mengant, le recteur, quitta St-Pierre en 1857 pour se retrouver à Lambézellec... afin d'y construire la nouvelle église. II fut remplacé par Mr Marc, recteur de Goulven, l'un des meilleurs prédicateurs en Breton du diocèse.
A ce propos, sachez que la chaire date de 1864. Les panneaux qui l'ornent rappellent les 4 épisodes de la vie de St-Pierre, apôtre. . .
L'église était très fréquentée. Lors des missions de 1864 et de 1881 ses portes étaient ouvertes à 4h du matin, pour une première conférence à 5h. Une foule avide attendait le prédicateur. II en était de même pour les 8 exercices de la journée, le dernier ayant lieu à 6hl/2 du soir. L'église était bien trop petite pour accueillir et contenir, en soirée, tous les fidèles.
Les travaux de construction de l'église avaient mis à jour de nombreux ossements (ancien cimetière). Ils furent rassemblés dans une fosse commune à proximité de la rue. C'est l'endroit, près de la chapelle, où s'élève une grande croix. Une plaque de marbre célèbre la mémoire de nos aïeux.
La consécration de l'église eut lieu le 7 septembre 1856. L'évêque, le Préfet et le sous-Préfet ainsi que plusieurs personnes de distinction étaient de cérémonie, en présence également des membres du conseil de Fabrique, Mrs Migadel, Kervennic, Lamour, Cloarec, Cloastre, de Mr Paul Pochard, maire, ainsi que du conseil municipal, des paroissiens et d'une foule d'autres personnes accourues pour assister à cette belle et touchante célébration.
L'église de Saint-Pierre était le point de repère des marins et des joyeux promeneurs revenant de la plage de Sainte Anne ou des grèves du Dellec. Avez-vous toujours en mémoire le fameux refrain qui, je suppose, emporté par nos marins, a fait le tour du monde
"L'on aperçoit les cloches, l'on aperçoit les cloches. de Saint-Pierre Quilbignon, la bouteille et bon et bon, bon, bon I"
Puis la guerre est venue... Les refrains sont devenus plus rares avant de disparaître. 1944, notre église a subi de gros dégâts, le clocher ayant même été dynamité par l'occupant le ler septembre. Puis l'espoir, jamais perdu, a guidé la restauration et notre vieille compagne a continué à veiller sur nous.
Certes, notre église n'a pas la valeur architecturale de tant d'autres édifices religieux. Ce n'est pas une cathédrale ! J'imagine, cependant, qu'ayant mieux connu son histoire, vous aurez pour elle un nouveau regard.

F. KERGONOU