ECHO DE SAINT-PIERRE N° 45 - Juillet-Août 1992

LES RUES DE NOTRE QUARTIER

Lorsque les communes périphériques furent rattachées à Brest, un problème se posa au Conseil Municipal : la dénomination des rues...
Dans certaines localités, on retrouvait les mêmes noms : ainsi, une rue Jean-Jaurès existait dans les quatre communes. C’est le 26 octobre 1945 que le Conseil procéda aux nouvelles dénominations. Ainsi, la Rue Jean-Jaurès devint la rue Anatole France, la rue de la République devint rue Rouget de l’Isle, la rue Laënnec devint la rue Valentin Hauy, la rue Louis Pasteur devint la rue Médecin Général Keraudren.
Cette rue, parallèle à la rue Anatole France dans le secteur du Petit Paris, porte maintenant le nom de “Rue de Keraudren”, peut-être par esprit d’économie ou de manque de place a-t-on omis de préciser la fonction et le grade de ce monsieur, mais c’est ainsi qu’on efface le passé ! Car comment savoir si Keraudren est le nom d’une personne, d’une ville, d’un quartier ou d’un lieu-dit ?
Qui était donc ce médecin général ?... Nous apprenons sous la plume d’Yves Le Gallo, dans “Brest sous la monarchie de Juillet”, que Pierre-François Keraudren est né le 16 mai 1769, à Recouvrance, de l’union de Jean-Louis Keraudren, chirurgien ordinaire de la Marine, et de demoiselle Marie-Françoise Collet.
Elève chirurgien entretenu du 1er octobre 1782 au 1er janvier 1793, au 3 ventose de l’an II, officier de santé de 2ème classe jusqu’au 25 Thermidor de l’an IV, chirurgien professeur le 3 juin 1801, second médecin en chef le 13 mai 1805, premier médecin en chef le 29 décembre 1810.
Il fut nommé Inspecteur Général le 9 novembre 1813, et devait le demeurer jusqu’au 20 mars 1845, date à laquelle il prit sa retraite, après 63 ans, 1 mois et 15 jours de service, dont 7 mois et 29 jours à la mer en temps de paix, et 2 ans 7 mois et 10 jours à la mer en temps de guerre.
Il était alors le doyen de tous les officiers civils et militaires de la Marine.

F. LULLIEN.

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LE PLATEAU DE SAINTE-ANNE DU PORTZIC : L’OR DU FORT

Le Fort du Portzic fut construit à la demande d e Choiseul, commencé en 1777, il est terminé en 1786. Son but était la défense avancée de la ville de Brest en cas d’attaque venue de la terre. Il abritait au début de la guerre une batterie de DCA.
Au 31 mars 1940, la réserve d’or de la France était de 1900 tonnes. Au 31 mai, il restait encore en attente 900 tonnes d’or en Bretagne. La banque de France décidait, vu l’éloignement de Brest de la zone de combat, de les y faire transférer. Mais les caves de la Banque de France ne sont pas immenses à Brest, aussi fut-il décidé de les mettre en lieu sûr au fort du Portzic. Il s’y trouva accumulé un trésor de 16 200 colis composés de caisses de 50 kg de lingots, de caissettes, et de sacoches de pièces. Aussi St-Pierre vit-il passer des camions et des camions qui servirent à transporter le bas de laine de la France.
L’avance allemande inquiétait de plus en plus. Le 16 juin, il fut décidé de transférer cet or sur les bâtiments “Ville d’Alger” et “El Djezaïr” qui se trouvaient à quai à Laninon et le “Ville d’Oran” qui se trouvait à quai à Tourville.
Pour aller au quai Tourville il fallait, le temps pressant, passer par St-Pierre. On revit la navette des camions en sens inverse cette fois et de plus belle, car dans la nuit, la route de la corniche fut coupée par un bombardement. Pour le chargement de Ville d’Alger et du El Djezaïr, il fallait de nouveau passer par St-Pierre qui, entre aller et retour, vit passer sur ses rues 1500 tonnes d’or... Le transport se fit rapidement, il était temps. A 18 heures, le chargement était terminé, et les bâtiments appareillaient aussitôt.
Les Allemands étaient là dans la nuit. Ils Allemands occupèrent le Fort du Portzic jusqu’au 16 septembre 1944.

P. Floch et A.B.