ECHO DE SAINT-PIERRE N° 61 - Janvier 1994

GROUPE “MEMOIRE de SAINT-PIERRE”

Présent depuis quelques années sur le quartier, le “groupe Mémoire de Saint-Pierre” fait paraître tous les mois dans nos colonnes des articles relatifs au passé de notre quartier. Afin de mieux vous faire connaître ce groupe, nous avons rencontré François Kergonou, membre actif.

Echo de Saint-Pierre :
Qu’est-ce que le groupe “Mémoire de Saint-Pierre” ?
François Kergonou : C’est une peine équipe formée en 1987. Nous nous réunissons une fois par mois, le 2ème mercredi, à 17 h 30 à la Maison de Quartier.
E.S.P. Qui compose le groupe ? Est-ce que tous les membres sont originaires du quartier ?
F.K. Il n’est pas nécessaire d’avoir son origine à Saint-Pierre, pour faire partie du groupe. Hervé Cadiou, d’ailleurs, notre responsable, n’est pas originaire de Saint-Pierre, mais il s’est beaucoup intéressé à son histoire. En fait l’équipe est composée de quelques personnes qui n’ont pas leurs racines à Saint-Pierre, mais la plupart des membres sont nés ici. Certains d’entre nous étions à l’école ensemble. C’est donc l’occasion de nous réunir dans notre retraite. Le groupe reste, bien sûr, ouvert à d’autres personnes et aux jeunes.
E.S.P. Le groupe “Mémoire de Saint-Pierre” est-il attaché à l’histoire du quartier ou simplement à vos souvenirs ?
F.K. : Forcément, on s’intéresse à l’histoire de Saint-Pierre. Récemment, nous avons pris contact avec les Archives, de manière à faire à l’avenir des recherches organisées. Mais des anciens, notamment le père de Michel Floch, qui était l’historien de Saint-Pierre, nous a précédés. Il nous a laissé un legs très important concernant l’histoire.
Nos souvenirs personnels, forcément, nous y sommes très attachés.
D’ailleurs, quand j’ai écrit la “Vallée des Lavoirs”, je n’aurais jamais eu l’idée de le faire sans l’appui du groupe. Au début de l’année 1988, ils m’ont demandé d’écrire quelques articles sur la vie quotidienne des Quatre Pompes, endroit où je suis né. J’ai écrit une page pour un mois, et encore une page pour un autre mois. On m’a demandé par la suite, d’écrire quelque chose en une dizaine de pages sur l’époque que j’avais vécue. D’où la naissance du livre.
Tout cela pour dire que dans le groupe, nous avons l’histoire qui est captivante, la vie quotidienne, et nos souvenirs. En travaillant notre mémoire pour les articles, on s’aperçoit que nos souvenirs reviennent. D’ailleurs, je prépare la suite de la “Vallée des Lavoirs”.
E.S.P. Le quartier de Saint-Pierre a beaucoup changé depuis votre jeunesse. Croyez-vous qu’en redynamisant le quartier (animations, journal local,...) on pourrait voir renaître le charme d’antan ?
F.K. Oui, le bourg de Saint-Pierre, comme beaucoup de bourgs était très sympathique. La vie de tous les jours était une vie très prenante. on va en garder un souvenir ineffaçable. C’est la vie moderne qui a voulu ça. C’est aussi la guerre qui a effacé bien des choses.
La Maison de Quartier fait un très bon travail. On peut y trouver une activité, une place.
Redynamiser le quartier, c’est une bonne chose, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut intéresser les gens, car il y a des facteurs qui vont un peu à l’encontre de l’atmosphère d’autrefois. Il y a bien sûr la télévision et la voiture. Je ne suis pas contre, mais il faut bien constater que les gens sont plus campés chez eux qu’autrefois. Pour nous, la vie quotidienne, c’était une vie qui se passait sur la route, au lavoir, un peu partout. Le quartier était solidaire. On l’a vu pendant les bombardements de 1944. C’est tout un quartier qui se déplaçait ensemble.
E.S.P. Etes-vous heureux de vivre à Saint-Pierre aujourd’hui même si cela a beaucoup changé ?
F.K. Oui, je suis né à Saint-Pierre, et j’ai conservé la chance d’y habiter depuis. Tout le monde n’a pas eu cette chance. Des maisons se sont élevées un peu partout, mais il y a quand même des repères. Cette chance est pour moi l’épanouissement de ma retraite.
E.S.P. Que pensez-vous des modifications apportées au quartier, le réaménagement de la place Quilbignon ?
F.K. Les avis sont partagés, certains sont pour, et d’autres contre. Il aurait peut-être fallu faire une concertation avec la population. Nous autres, à “Mémoire de Saint-Pierre” on souhaiterait être contactés quand il y a quelque chose pour ne pas détruire le patrimoine.
E.S.P. Cela veut-il dire que vous n’êtes pas simplement attachés à vos souvenirs, mais que vous voulez participer à l’avenir du quartier ?
F.K. Oui, “Mémoire de Saint-Pierre” n’est pas nécessairement attaché au passé, mais aussi tourné vers l’avenir. Un exemple, les lavoirs de Saint-Pierre ; c’est un patrimoine conservé. Ce qui a été fait n’est pas idéal, mais c’est quand même beaucoup. Si on avait demandé notre avis, nous aurions fait des propositions différentes. Le patrimoine est quelque chose à conserver. D’ailleurs, nous avons l’occasion avec la classe de l’école Jacques Prévert, de commenter la vallée des lavoirs. Nous avons un peu servi d’historiens pour cette jeune population qui s’intéressait beaucoup à nos propos.
E.S.P. Avez-vous des projets ?
F.K. Oui, on aimerait voir rétablir des sentiers pour piétons. Il en existe des tronçons qui nous viennent d’avant-guerre, qu’on a parcouru et qui sont toujours là. On aimerait voir également aux Quatre Pompes un belvédère pour admirer la Rade. Peut-être devrions-nous passer à l’acte, avoir des actions.
E.S.P. Un petit mot pour conclure ?
F.K. Pour conclure, je dirai que “Mémoire de Saint-Pierre” n’est pas seulement la mémoire de ceux qui ont vécu à Saint-Pierre autrefois. La mémoire se vit tous les jours. A partir du passé, c’est l’arbre qui grandit et qui demande à grandir. Les nouveaux arrivants sur le quartier sont les bienvenus aux réunions, et leur regard neuf est pour nous très important, et nous permettrait d’aller de l’avant. Nous invitons toutes les personnes intéressées à notre prochaine réunion le mercredi 9 février à 17 h 30 à la Maison de Quartier de Saint-Pierre.