ECHO DE SAINT-PIERRE N° 70 Novembre 1994

Au revoir : notre Saint-Pierre...


C’était le lundi 14 août 1944, au matin. Après d’interminables journées d’état de siège, et surtout après le très dur bombardement du 11 août, toute la population qui s’accrochait encore, s’était repliée vers le bourg. Ne nous écartant pas trop des orifices de l’abri, sous l’église, nous prenions nos repas, soit dans la cour du presbytère, le recteur nous servant lui-même la soupe, soit en bas de la place où un brave commerçant nous offrait aussi son bon coeur. Ordre était donné de quitter l’agglomération brestoise, en ce 14 août, lors d’une trêve de quelques heures préludant au cataclysme final...
Le flot de pauvres gens traînant brouettes, landaus et poussettes remplis de paquets, passait lentement devant les barrages de l’occupant, soldats au visage maculé de suie, sinistre sous le casque...
Et ce long ruban de misère s’en allait vers Saint-Renan, lieu assigné, aux prises parfois aux attaques incontrôlées de quelques avions... Nous partions vers l’inconnu pour un destin qui allait durer deux mois.

F. KERGONOU


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Retour d’un pensionnaire à Saint-Pierre Quilbignon
après la Libération de Brest.

Réfugié dans la Sarthe en juin 1943 avec le Collège Moderne de Brest, nous avons été libérés le 9 août 1944. Les nouvelles étant rares, nous étions dans l’attente de pouvoir rentrer sur Brest. Ce jour arriva enfin au mois d’Octobre. Sans savoir ce que nous allions trouver, nous avons pris le train à la gare du Mans, et nous sommes arrivés à Landerneau ; le trains ne pouvant aller plus loin, le viaduc de Kerhuon était détruit. Avec un camarade, qui venait aussi sur St-Pierre, nous avons trouvé un car qui partait sur St-Renan. Le chauffeur nous a fait descendre à Pont-Cabioch, et nous avons fini la route à pieds.

Nous sommes arrivés tant bien que mal à la rue François Cordon à la nuit tombante. De cet endroit, j’ai reconnu ma maison où une petite lumière brillait. J’ai quitté mon camarade qui poursuivait sa route ; en arrivant à la maison, j’ai retrouvé mon père tout surpris et heureux de me revoir. Pour ma part, j'étais très content d’être rentré à la maison.


H. LE TURQUAIS


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