ECHO DE SAINT-PIERRE N° 76 - Mai 1995

LES MOYENS DE TRANSPORT

La commune de Saint-Pierre-Quilbignon est rattachée à la ville de Brest paradoxalement au moment où la Rive Droite n’a plus de moyen de communication avec la Rive Gauche, comme au siècle dernier.

Le Pont étant détruit, pour se rendre à la gare ou rue Jean-Jaurès, il faut entrer dans l’arsenal par la porte Jean-Bart, longer le quai jusqu’aux bassins de Pontaniou, puis emprunter une passerelle flottante conçue avec des matériaux récupérés. Cette passerelle était située à cet endroit puisqu’il existait un escalier juste avant les Bassins, et un autre en face, avant la grande grue, permettant ainsi d’y accéder quelque soit la marée. Côté gauche, il fallait sortir par la porte Tourville et suivre ce qui fut la rue Louis Pasteur. Ce n’était plus qu’un sentier entre les maisons abattues.
Avec la reprise des activités à l’arsenal, un pont flottant sera mis en service au niveau de celui qui existe. Un escalier et une passerelle aérienne à chaque bout du Pont, permettront de circuler sans pénétrer dans l’arsenal. Pour aller au Centre ville avec un véhicule, il fallait passer par Penfeld, soit un détour de dix à onze kilomètres.
Les Allemands avaient ouvert une route, dans la propriété close de murs de M. Magueur, pour communiquer entre la route de Guilers et la Porte de Kervallon. Jusqu’alors, seule une voie charretière contournait la propriété par la droite. Ce chemin existe toujours.
Le Pont de Kervallon étant en état, la Municipalité et les autorités maritimes s’accordèrent pour qu’il serve aussi la population civile. Etant dans l’enceinte de l’arsenal, il servait au passage du train et des camions militaires entre les deux rives. Une route fut percée dans la falaise, entre la Porte de l’Arrière-Garde et le plateau du Bouguen. Cette route, aujourd’hui rue des Archives, fut construite au cours de l’été 1945. On peut voir les contreforts en béton et les pierres sèches servant de mur de soutènement.
A cette époque, les baraques de la Cité du Bouguen commençaient à être habitées. Désormais, tout le trafic entre les deux rives se fera par cette route. Les premiers autobus, en service par la compagnie des transports brestois sur la Rive Droite, furent l’un de trente, et l’autres de cinquante places. Ils circulaient entre le bourg de Saint-Pierre et le bas de la rue de la Porte.
Après l’ouverture de la route du Bouguen, les autobus partant de Saint-Pierre, empruntaient les rues Victor Eusen, Anatole France jusqu’au Prat-Lédan. Puis les routes de Guilers-Kervallon, du Bouguen, Moulin à Poudre, Portzmoguer jusqu’à la cité commerciale ; le terminus était aux environs du Monument aux Morts actuel, un circuit de huit à neuf kilomètres.
Aux heures de pointe, ces véhicules étaient archicombles, et les usagers n’avaient qu’une peur de voir les freins lâcher dans les descentes du Bouguen ou de Kervallon. Un soir, vers 18 h 15, à la sortie des ouvriers, le conducteur de l’autobus venant du Bouguen vers Saint-Pierre sentit que le système de freinage ne répondait plus. Au même instant, il entendit le sifflet du train qui, sortant du tunnel, annonçait son passage sur le pont. Il n’était pas question pour le conducteur de l’autobus de poursuivre sa route en entrant dans l’arsenal, sans heurter le train ou des piétons.
Il prit la décision de venir buter le pylône de l’ancienne porte , côté gauche. Le véhicule stoppa net, non sans quelques heurts à l’intérieur. Le chauffeur commotionné ne pouvait répondre aux invectives des passagers, il n’y avait que ceux de l’avant du car qui avaient compris son geste, les sauvant du pire.
A l’ouverture du Pont de l’Harteloire, en 1951, la marine reprit ses anciennes limites, et la route ne servit plus que pour l’accès à l’arsenal, pendant que Brest inaugurait un nouveau moyen de transport, “les Trolleybus”.

M.T.A.