ECHO DE SAINT-PIERRE N° 86
Novembre 1996


C’était il y a plus de 200 ans.

Extraits de lettres de M. Daniel, recteur de Quilbignon, à Monseigneur De La Marche, “évêque comte de Léon”, et à Monsieur de Penanprat, vicaire général de Léon (la population de la paroisse est d’environ 200 habitants).

La première classe des pauvres, donc des plus indigents, se monte à 76, la deuxième classe à 47 pour un total de 123. Le nombre de villages les moins aisés est de 38 et les plus aisés (façon de s’exprimer) est de 54, pour un total de 92.

La classe des plus indigents est composée de gens incapables de soulager leur famille par les travaux et de suppléer au nombre d’enfants... Comment soulager ces malheureux ? Le recteur Jean-Baptiste Daniel suggère de faire exécuter “à toute rigueur “l’ordonnance” de notre auguste et défunt monarque Louis XV qui défend à tout mendiant de sortir de sa paroisse pour mendier ailleurs”, de doubler la campagne de maréchaussées, et de les obliger à visiter les paroisses fréquemment. D’établir dans chaque bourg, deux invalides, “entretenus du Roy”, que chaque paroisse logera à ses frais, afin d’arrêter tout vagabond, ce que les habitants des campagnes n’osaient faire, s’exposant alors à avoir leurs biens incendiés et de perdre leurs bestiaux (ce qui est déjà arrivé dans ma paroisse...) De consigner aux portes de Brest et de Recouvrance tous les vagabonds qui ne seront pas munis de lettre authentique de leur recteur ou de toutes autres personnes constituées en dignité. D’empêcher les pauvres de Brest et de Recouvrance de se répandre sur les paroisses voisines pour les dévaster et les ruiner. D’arrêter aux portes (de la ville) “les bois et autres denrées qu’ils pillent journellement. d’établir de distance en distance, les hôpitaux pour les infirmes incurables, et pour décharger les familles indigentes d’une partie de leurs enfants. D’autre part, il est fait état que la paroisse ne possède ni hôpital ni bourse commune pour les pauvres. Certains ouvriers du port de Brest sont congédiés sans pension. Et notre brave recteur de conclure : “Si j’ai manqué, il n’y a qu’à me mettre sur la voie et je tâcherai de la suivre”.
Avec tous les respects possibles,
Daniel, recteur de Quilbignon”.


Extraits de “Les recteurs Léonards parlent de la misère”.

P. Floc’h et F.Kergonou.